60 ans après : L’exode déchirant des pieds-noirs
26 mars 2022
Le mois de mars 1962 sonne le glas de l’Algérie française. Après le massacre de la rue d’Isly, le 26 mars, des centaines de milliers de pieds-noirs prennent le chemin de l’exil, laissant derrière eux la terre de leurs ancêtres. Récit.
« C’est le cercueil ou la valise » avertissent les tracts algériens depuis plusieurs semaines. Pourtant, malgré les menaces, les attentats à répétition et les négociations gouvernementales, certains Français d’Algérie nourrissent encore le maigre espoir de rester sur leur terre natale, en sécurité. Mais les évènements de mars 1962 les en dissuadent rapidement. Il y a d’abord les accords d’Évian qui, le 18 mars, scellent la future indépendance de l’Algérie. Puis, dans les jours qui suivent, des combats fratricides font rage dans le quartier de Bab el Oued. Et enfin, le massacre de la rue d’Isly, le 26 mars, achève de convaincre les Français d’Algérie encore indécis. Ce jour-là, entre 50 et 80 pieds-noirs périssent sous les balles de l’armée française. Des centaines d'autres sont blessés. Ils comprennent alors qu’ils ne sont désormais plus en sécurité sur leurs propres terres. « On avait qu’une seule idée en tête : partir, fuir même, éviter le pire, les massacres » écrit avec émotion Alain Vircondelet dans son bouleversant récit, La Traversée.
Un douloureux déracinement
Entre mars et juillet 1962, plus de 600.000 pieds-noirs prennent d’assaut les aéroports et ports en direction de la métropole. Pour tous, c’est un arrachement, un déracinement. Ils laissent derrière eux leur maison, leurs terres, les tombes de leurs ancêtres, de leurs parents et de leurs frères et sœurs. Certains, sous les recommandations de l’OAS, pratiquent la politique de la terre brûlée. Hors de question pour eux de laisser certains de leurs biens aux Algériens. Mais tous ne s’y résignent pas. Difficile de voir partir en fumée des décennies de vie heureuse. Alors, ils achètent une ou deux valises et tentent de rassembler quelques affaires. Pour certains, comme Alain Vircondelet, alors âgé de 15 ans, ce sera des livres. Pour d’autres des bibelots. Pour d’autres encore, des photos. Puis commence le chemin de l’exil.
« Je porte deux valises trop lourdes pour moi. J’ai 15 ans. Je les traine comme un fardeau. Plus lourds que tout ce qu’elles contiennent : une détresse,
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