Alpes-Maritimes : la bataille des « droites »
14 juin 2022
Eric Ciotti semble récolter les fruits de sa cohérence politique en ne fermant pas la porte aux électeurs venus de la droite nationale. Face à lui se dresse le candidat de la majorité présidentielle Graig Monetti soutenu par l’ancien Républicain et actuel maire de Nice Christian Estrosi.
Dans ces terres traditionnellement conservatrices, Éric Ciotti se voit propulsé au second tour, crédité de 31,70% des suffrages. En seconde position, Graig Monetti éperonne le candidat LR en cumulant 25,9% des bulletins. Durant la conférence de presse qu’il a tenu dimanche dernier, le député sortant scande : « Nous avons fait mieux que résister » en appelant à « la mobilisation générale » en réponse à la folle abstention du premier tour (55,63%), « pour faire gagner Nice et la France ».
La brise du RPR court dans l’air
La configuration politique de la région profiterait nettement à l’ancien président du département. Ses prises de positions concernant les sujets de politique migratoire sont perçues comme controversées, jusqu’au sein de sa famille politique. La coalition qu’il pourrait rassembler à l’aide de l’électorat frontiste et celui de Reconquête le propulserait alors à la députation. L’axe idéologique est d’ailleurs clairement énoncé : « Plus d’autorité, moins de fiscalité, moins de dépenses inutiles, plus de liberté. La droite doit être elle-même, puiser ses forces là où elle a des racines, dans les territoires ».
Quelques mois auparavant, il avait déjà surpris la classe politique en arrivant en tête du premier tour des primaires présidentielles LR, puis se hissant à 39% lors du second tour, face à Valérie Pécresse. En cette période, il ne cachait pas ses accointances avec Éric Zemmour, inscrits tous deux dans la thèse de l’Union des Droites. Fort d’un ancrage local qu’il a savamment cultivé, les Alpes-Maritimes constituerait pour le député le laboratoire d’une doctrine politique locale hétéroclite.
Ensemble! n’en démord pas moins
Le conseil national des investitures de Renaissance a désigné Graig Monetti, adjoint au maire de Nice chargé de la Jeunesse, pour mener la bataille des législatives face à un candidat bien implanté.
Il fustige avant tout l’attitude d’un Eric Ciotti qu’il juge « insultant ». A la suite d’une polémique qui a raillé les études interrompues prématurément du candidat Renaissance, Graig Monetti ajoutera au micro de BFM Côte d’Azur qu «’il (Eric Ciotti ndlr.) ne devrait pas perdre son sang-froid, l’impolitesse et le mépris n’ont pas leur place dans cette campagne (…) ces propos sont une insulte aux valeurs de notre pays : notre République ne conditionne pas l’exercice d’un mandat électoral à la possession de diplômes »
Toujours au fil du même entretien, il critique vivement le travail parlementaire de son adversaire en spécifiant qu’il « a passé beaucoup de temps à Paris (…)» soutenant « qu’aucune de ses propositions de lois n’a été approuvé » et qu’un « seul de ses 300 amendements a été accepté par l’Assemblée ». Un duel de personnalités qui dépasse le clivage des idées et laisse présager d’une semaine de campagne intense.