Antoine Compagnon, un nouvel immortel à l’Académie française
22 février 2022
Spécialiste de Proust et de Baudelaire, l’universitaire Antoine Compagnon vient d’être élu pour siéger au trente-cinquième fauteuil de l’Académie française.
« Ne devient-on pas professeur si l’on n’a pas su quitter l’école ? » s’interrogeait Antoine Compagnon lors de sa leçon inaugurale au Collège de France. L’école, le professeur n’y a jamais renoncé depuis ses années sur les bancs du Prytanée et de l’école Polytechnique. C’est là qu’il suit dès 1970 les cours de Foucault et de Barthes qui proclame dans ses Essais critiques que « toute la tâche de l’art est d’inexprimer l’exprimable ». C’est notamment grâce à lui que le jeune ingénieur réalise que le sens que les belles-lettres donnent au monde l’interpelle et le fascine : contre le bon sens bourgeois d’une carrière toute tracée aux ponts et chaussées, à vingt-cinq ans, il entre en littérature comme on entre en religion. Il rédige sa thèse de doctorat (Les mécanismes de la répétition dans le texte) sous la direction de Julia Kristeva, personnalité majeure de la recherche proustienne et de la psychanalyse, avant d’être finalement sacré docteur d’État ès lettres en 1985.
« Autodidacte », comme il aime le rappeler, Antoine Compagnon s’impose dès lors comme l’un des plus grands noms de la recherche contemporaine. Auteur de nombreux ouvrages étudiés sur les bancs de toutes les khâgnes de France, il enseigne à l’université Columbia de New York, à l’École polytechnique, l’Institut français du Royaume-Uni, en France à l’université de Haute-Normandie, outre-Atlantique en Pennsylvanie. En 1994, il rejoint le prestigieux collège d’Oxford, puis la Sorbonne jusqu’en 2006, et enfin le Collège où il dirige la chaire « littérature française moderne et contemporaine : histoire, critique, théorie ».
Au rang des immortels
« J’ai toujours enseigné ce que je ne savais pas et
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