Apollon et Dionysos contre les wokes : retour aux classiques
16 novembre 2021
Après la tyrannie intellectuelle imposée par les “éveillés“ dans nos rues, notamment à Paris ou l’on ne peut plus traverser certains quartiers sans être forcé d’emprunter un passage piéton arc-en-ciel, les wokes aux cheveux multicolores ont désormais pris possession de nos écoles, du plus jeune âge jusqu’aux universités, en édictant la presque obligation d’utiliser l’écriture inclusive dans les échanges de mails entre élèves et enseignants. Contre cet assassinat en règle de la langue française, et face aux accusations en suprémacisme des langues antiques par les wokes, le ministre de l’Éducation Nationale Jean-Michel Blanquer dit stop : il lance un plan européen pour l’apprentissage du latin et du grec.
L’enseignement du grec et du latin a récemment fait l’objet d’attaques par les adeptes du wokisme notamment au sein de l’université de Princeton aux États-Unis, qui a annoncé qu’il ne serait plus obligatoire pour les étudiants en lettres classiques de se former à ces langues antiques. La raison serait que la culture gréco-romaine aurait été par son histoire “complice, sous diverses formes, d’exclusion, y compris d’esclavage, de ségrégation, de suprématie blanche, et de génocide culturel“.
Complice, sous diverses formes, d’exclusion, y compris d’esclavage, de ségrégation, de suprématie blanche, et de génocide culturel.
Le ministre Blanquer a réagi à ce phénomène : “J’ai en effet lu et entendu ces critiques, dont certaines allaient jusqu’à affirmer que l’on trouvait chez Homère une apologie de l’esclavage. […] Je trouve de telles interprétations absolument sidérantes : plaquer des catégories et une vision du monde contemporaines sur des écrits datant de deux millénaires est d’une absurdité abyssale.“ Il ajoute : “Ce que nous ont apporté ces civilisations, c’est précisément une ouverture et une recherche d’universel.“
En cette Journée européenne des langues et cultures de l’Antiquité, Jean-Michel Blanquer saisit ainsi l’occasion pour informer qu’il souhaite “redynamiser l’apprentissage du grec et du latin“ (dans une interview donnée au Point).
Plaquer des catégories et une vision du monde contemporaines sur des écrits datant de deux millénaires est d’une absurdité abyssale.
Jean-Michel Blanquer
Il y explique que “l’enseignement optionnel en lycée sera ouvert aux élèves de la voie technologique à la rentrée scolaire prochaine : les élèves qui choisissent cette voie pourront ainsi développer leur culture mais aussi, par la découverte des langues anciennes, mieux s’approprier leurs spécialités, dont le vocabulaire technique, en santé, en ingénierie, est très largement d’origine antique” .
Outre ces mesures, il propose également le développement de “l’enseignement optionnel de français et culture antique en classe de sixième, qui plaît beaucoup aux élèves”, et l’installation “avant la fin de l’année civile 2021” d’un Conseil supérieur des langues, qui aura pour mission “de réfléchir aux possibilités d’améliorer l’apprentissage des langues, anciennes, vivantes étrangères et régionales, en travaillant spécifiquement leurs points de contact”. Il informe également vouloir ouvrir à la rentrée prochaine des sections Mare nostrum, qui permettront de “favoriser et d’améliorer les apprentissages des langues de la Méditerranée, qu’elles soient anciennes, étrangères ou régionales”, en permettant aux élèves d’“apprendre conjointement le latin, l’italien et l’occitan dans une dynamique interdisciplinaire”. Plus loin il explique : “[…] Sera installée dans chaque académie à la rentrée prochaine une mission directement sous l’autorité des recteurs pour suivre les conditions d’enseignement, garantir leur qualité et leur continuité du collège au lycée”.

Dans l’édition 2020 des « Repères et références statistiques » de la DEPP (le service statistique de l’Education nationale), on peut noter le nombre d’élèves « étudiant le latin dans le second degré à la rentrée 2019 », des chiffres permettant de mesurer l’incidence des politiques publiques n faveur des langues et cultures de l’antiquité. Un chiffre marquant : En 5ème, au collège, ils étaient 168 000 latinistes en 2011, 149 000 en 2016, 159 000 en 2017 et presque autant 2018, ils ne sont plus que 150 000 en 2019 (- 6%).
En 5ème, en 2019, ils ne sont plus que 150 000 latinistes.
Service statistique de l’Éducation nationale
Jean-Michel Blanquer réussira-t-il alors par sa politique volontariste, et européenne, à renforcer l’apprentissage ? Et parce que l’étude de ces langues c’est aussi l’étude des civilisations grecques et latine, et notamment de la mythologie, rien que pour cela, on ne peut que souhaiter la réussite de cette affaire.

Jordan Florentin
Rédacteur en chef du service politique