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Au Royaume-Uni, un film censuré pour cause de blasphème

8 juin 2022
Temps de lecture : 2 minutes

Le 5 juin dernier, le Cineworld de Sheffield situé dans le nord de l’Angleterre a été le théâtre de manifestations religieuses visant à interdire la diffusion du film Lady of Heaven. Des centaines d’hommes se sont réunis pour intimider la production et faire prévaloir la primauté de leur foi.

Une foule compacte est massée devant les portes du modeste cinéma de Sheffield. De jeunes hommes s’adressent avec frénésie au directeur du cinéma alors que quelques-uns des organisateurs les plus raisonnés tentent de lui accorder un droit de réponse. Le rétropédalage ne se fait pas attendre : « La direction et moi-même sommes totalement d’accord avec ce que vous dites, nous ne voulons pas offenser votre communauté » arguera timidement le responsable de la salle, régulièrement coupé par la ferveur de ses interlocuteurs.

En amont, les dignitaires religieux locaux en ont profité pour rappeler l’oppression dont la communauté musulmane souffrirait dans ces régions pauvres du nord de l’Angleterre. A l’issue du discours politique s’en est suivie une prière de rue.

Des membres de la communauté pakistanaise de Sheffield manifestant devant le Cineworld

« Our Prophet, our Honour »

Pour ces membres militants de la communauté pakistanaise, ce film est une insulte à leur culte, un blasphème qui mérite d’être combattu. Afin d’éviter l’escalade, la production du film a immédiatement fait marche arrière à travers un communiqué de presse : « En raison d’incidents récents liés aux projections de ‘The Lady of Heaven’, nous avons pris la décision d’annuler les projections à venir du film à l’échelle nationale pour assurer la sécurité de notre personnel et de nos clients ».

Cette déprogrammation n’a pas manqué de faire réagir la Chambre des Lords : selon eux, cette censure est «désastreuse pour les arts, dangereuse pour la liberté d’expression». 

La raison d’une telle manifestation prend sa source dans la supposée réécriture que le réalisateur propose sur la construction historique de l’Islam. Le scénario retrace en effet l’une des batailles pour la succession de Mahomet où figure le prophète, son visage te sa voix : ce qui est interdit dans les courants les plus rigoristes de l’Islam.

Cet incident n’est pas sans rappeler la cabale déclenchée en octobre 2021 contre un enseignant de la Batley Grammar School qui avait montré des caricatures du prophète Mahomet à certains de ses élèves. Il avait été contraint de quitter la région après avoir été menacé de mort jusque devant les marches de son établissement par une foule de militants religieux.

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