Géopolitique

Boycott des artistes russes : une cruelle défaite de la pensée

10 mars 2022
Crédits photo : Jack Devant / Flickr
Temps de lecture : 6 minutes

Si sur le sol ukrainien, l’affrontement militaire continue entre Moscou et Kiev, en Occident, la bataille a lieu sur le terrain culturel. Au nom d'un soutien à l'Ukraine, musiciens, danseurs et auteurs russes ne sont plus les bienvenus aux Etats-Unis et en Europe.

Le bel Anatole Kouraguine séduisant la jeune Natacha Rostov sous la plume de Léon Tolstoï. La grâce des cygnes dans le ballet de Tchaïkovski. Les innombrables toiles d’Ivan Morozov. Ces noms aux sonorités slaves nous plongent dans le folklore russe. Mais depuis quelques jours, il ne fait plus bon de se revendiquer artiste et russe en Occident. Chefs d’orchestre à la virtuosité mondialement reconnue, danseurs réclamés aux quatre coins de la planète, auteurs dont le génie brille encore des années après leur disparition… Tous se retrouvent aujourd’hui sur le banc des accusés. Depuis le 24 février et le début de l’offensive sur le sol ukrainien, le monde de la culture russe est pointé du doigt, accusé de complaisance à l’égard de Vladimir Poutine et boycotté sur les grandes scènes européennes et américaines. Les titres de presse s’interrogent sur la pertinence de « continuer à diffuser des artistes russes ». Un rideau de fer s’est abattu aux frontières de l’Europe. Les artistes russes sont contraints de prendre position sur le conflit ukrainien. Les démissions se multiplient. Les déprogrammations s’annoncent en cascade.

Valery Gergiev, le Bolchoï, Dostoïevski censurés

Valery Gergiev, ce chef d’orchestre mondialement reconnu, devient rapidement la cible de toutes les attaques. Son silence sur la crise ukrainienne le dessert. Sa proximité avec Vladimir Poutine devient un frein à sa carrière. Malgré ses nombreuses récompenses, il se retrouve congédié de la Scalla de Venise, du Carnegie Hall de New-York, de l’Orchestre philarmonique de Munich, de Prague et de Rotterdam. À Vienne, l’Orchestre philarmonique décide de lui trouver un remplaçant. Quatre jours après le début de l’offensive russe, Valery Gergiev soumet sa démission au festival des Herbiers (Suisse) qui est immédiatement acceptée.

À ses côtés sur le banc des damnés de la culture, Anna Netrobko, une soprane russo-autrichienne, est sommée de prendre position en faveur de l’Ukraine. Mais la cantatrice refuse. L’un de ses récitals au Danemark

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