Ces entreprises françaises accusées d’être des « sponsors de la machine de guerre russe »
25 mars 2022
Devant le Parlement, réuni ce mercredi 23 mars, Volodymyr Zelensky a appelé les entreprises françaises encore présentes en Russie, à cesser leurs activités sous peine d’être vues comme des « sponsors de la la machine de guerre russe ».
Le président ukrainien était catégorique face aux députés et sénateurs français ce mercredi : « Les entreprises françaises doivent quitter le marché russe ». En visioconférence devant un parterre de parlementaires conquis, Volodymyr Zelensky a réclamé le départ de certaines grandes entreprises françaises encore en Russie. « Renault, Auchan, Leroy Merlin et autres […] doivent cesser d’être les sponsors de la machine de guerre de la Russie » et « de financer le meurtre d’enfants et de femmes, le viol » a-t-il martelé. Alors que les grands groupes du luxe ce sont retirés du marché russe, toutes les entreprises françaises n’ont pas quitter la Russie. Et pour cause… Le pays des Tsars est le 7e marché français hors de l’Union européenne annonçait Bercy.
Renault répond à l’appel
Pour le géant français de l’automobile, quitter la Russie aurait un impact beaucoup trop important. En effet, le pays représente son deuxième marché mondiale, avec 500.000 véhicules vendus pour la seule année 2021. Volodymyr Zelensky exige le départ de la firme de Russie, ce à quoi elle s’est engagée dans un communiqué, affirmant « [mettre] déjà en œuvre les mesures nécessaires pour respecter les sanctions internationales » et « agir de manière responsable envers ses 45 000 salariés en Russie ». Ainsi, Renault a annoncé suspendre sans délais les activité de son usine moscovite.
La décision n’est pas des plus évidentes pour le groupe français. Ayant racheté 69% de la société automobile russe AvtoVAZ en 2016, Renault est un grand investisseur en Russie. Le 16 mars dernier, des dizaines de milliers d’employés russes étaient envoyés en congés pour trois semaines en raison des pénuries de composants dont l’import est ralenti dû aux sanctions. Le groupe a, par ailleurs, déjà revu ses objectifs financiers pour l’année 2022 et espère dégager « une marge opérationnelle du groupe de l’ordre de 3% » contre 4% l’année précédente.
Leroy Merlin ne cessera pas ses activités en Russie
Leroy Merlin résiste malgré les pressions et les discours loin des réalités économiques de l’entreprise. Bien que pointée du doigt, l’entreprise assure qu’elle maintiendra ses activités en Russie. Faisant partie du groupe Adeo, l’entreprise considère qu’une fermeture de ses magasins serait « faillite préméditée », « ouvrant la voie à une expropriation qui renforcerait les moyens financiers de la Russie ». Cependant, Adeo affirme avoir « décidé au début du conflit de suspendre les nouveaux investissements » en Russie. En 2020, Leroy Merlin déclarait 4,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires, représentant 18% de son activité mondiale. La Russie est le deuxième marché de l’entreprise après la France.
Le Président d’Adeo est « heurté d’être considérés comme des sponsors de la guerre ». « Nous n’avons pas de raison de condamner nos équipes russes pour une guerre qu’elles n’ont pas choisie » déclare. En effet, plus de 45.000 personnes travailleraient pour le groupe dans une centaine de magasins en Russie. De son côté, Auchan, possession du groupe Adeo, n’a pas donné suite aux injonctions de Volodymyr Zelensky.
TotalEnergies s’approvisionnera en gaz russe
TotalEnergies annonçait, mardi dernier, cesser ses achats de pétrole russe, alors même que 16,6% de ses hydrocarbures sont produites en Russie. En revanche, le géant de l’énergie considère que sa dépense gazière est trop importante vis-à-vis de la Russie. En effet, plus de 30% du gaz acheté par le groupe provient de cette dernière. Par ailleurs, TotalEnergies, a souscrit des « contrats de 25 ans » d’exploitation gazière et pétrolière qui font que l’entreprise ne peux renoncer à ses engagements dans le pays, a annoncé Patrick Pouyanné, le PDG du groupe. D’autre part, TotalEnergies détient 19,4% du géant du gaz russe Novatek et 20% de l’entreprise Yamal GNL, avec laquelle il travaille sur un projet de liquéfaction du gaz naturel. Les réalités économiques sont ce qu’elles sont, peu importe les injonctions morales et partisanes.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir