Des magistrats signent une tribune pour l’ouverture d’une enquête contre McKinsey
6 avril 2022
Plusieurs magistrats lancent un appel au parquet national financier (PNF) pour le déclenchement d’une enquête dans l’affaire McKinsey à travers une tribune collective, publiée dans la soirée du mardi 5 avril, sur le site du magazine Marianne.
Malgré la réserve à laquelle les magistrats sont tenus, plusieurs d’entre eux ont tenu à appuyer la tribune collective publiée dans la soirée du 5 avril dernier sur le site de Marianne. Devant le scandale que suscite l’affaire McKinsey, plusieurs d’entre eux trouvent « anormal que le parquet ne déclenche pas d’enquête ». Bien que le parquet national financier (PNF) envisage des poursuites, les choses avancent moins rapidement que pour d’autres. « Selon le fonctionnement normal des institutions, que le PNF a ouvert une enquête préliminaire en 2022 du chef de détournement de fonds publics concernant des suspicions d’emploi fictif visant Fabien Roussel, candidat à la présidentielle. De même, et plus récemment, en période de campagne électorale, et comme il l’a fait en 2017 avec François Fillon » font remarquer les signataires de la tribune. Or, les faits sont là, l’affaire fait scandale, mais rien, pas de réaction judiciaire. Le parquet semble drôlement patient pour certains.
Un rapport qui justifie une enquête préliminaire
Les magistrats estiment que la question de l’indépendance des magistrats du PNF est au coeur des débats. « Que faire lorsque le garde des Sceaux, nommé par ce chef de l’État – qu’il soutient par ailleurs comme candidat –, est le supérieur hiérarchique du Parquet national financier dont le procureur a été choisi par son écurie ? » questionnent-ils. Pourtant, le rapport est édifiant et pourrait n’être qu’un arbre qui cache la forêt des scandales à venir. « Les faits portés à la connaissance du public par ce rapport sont susceptibles de révéler d’autres infractions pénales d’une gravité bien supérieure, et légitiment à tout le moins le déclenchement d’une enquête préliminaire » indiquent les magistrats.
L’ensemble du gouvernement pourrait être mis en cause, laissant place à une affaire d’une ampleur exceptionnelle. « Ces faits concernent tout un système susceptible de mettre en cause les plus hautes instances de l’État : les ministres placés à la direction d’administrations centrales, ordonnateurs des deniers publics ayant engagé des dépenses au nom de l’État, et selon des procédures de marchés publics dont il appartient à la justice d’en vérifier la régularité » déclarent-ils, avant d’ajouter qu’« Il serait anormal que le parquet ne déclenche pas une enquête et des investigations sur ce qui pourrait être un véritable scandale d’État ».

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir