Dix ans après : retour sur l’affaire Merah
15 mars 2022
Les 11, 15 et 19 mars 2012, le terroriste Mohammed Merah, assassinait sept personnes et en blessait six aux cris de « Allah Akbar ». Dix ans plus tard, la France se souvient encore.
Dix ans déjà que la France pleure ses enfants. Les 11, 15 et 19 mars 2012, un individu terrorise la région toulousaine. Opérant à moto, casqué, il assassine froidement ses victimes en pleine journée et à la vue de tous. Son nom : Mohammed Merah. Né en 1988, il est un délinquant bien connu des services de police pour cambriolages, conduite sans permis, faits de violences et trafic de drogue. Radicalisé en prison, l’homme apprend le Coran par cœur et assiste à tous les cours du soir dispensés par un Imam. En réalité, les services de renseignements français savaient depuis octobre 2006 que le délinquant était lié à divers réseaux salafistes, ayant même été repéré aux côtés du djihadiste toulousain Sabri Essid, un couteau à la main. Une fiche S avait été émise contre lui.
Malgré cela, l’homme a pu se rendre en Espagne, en Algérie, en Afghanistan, au Pakistan et en Syrie pour se former idéologiquement et tenter de rejoindre Al-Qaïda. Plus tard, il avouera même aux enquêteurs : « je voulais m’engager à la légion étrangère pour aller en Afghanistan et retourner mon arme contre les légionnaires et rejoindre les Talibans ». Mais, malgré toutes ces informations, Mohammed Merah a pu mener à terme son fatal projet. Le 11 mars, d’une balle dans la tête, il abat Imad ibn Ziaten sur un parking toulousain. Quatre jours plus tard, il assassine deux soldats devant une banque de Montauban et blesse un troisième, le rendant tétraplégique. Enfin, le 19 mars, l’homme casqué fait irruption dans une école juive et mitraille un professeur et ses jeunes enfants, avant d’attraper par les cheveux une petite fille et de la tuer à bout portant. Une horreur qui devient le vrai visage de l’islamisme.
Ni pardon, ni oubli
Le 15 mars est un triste jour pour le Père Venard. Les assassinats de ses compagnons d’arme, il ne les oublie pas. Aumônier du 17e régiment de génie parachutiste de Montauban, il se souvient du jour où il a perdu ses camarades. Au moment des faits, tout le monde croit à un braquage dans la caserne. En arrivant sur place, l’homme découvre des corps sans vie, entourés par de nombreux urgentistes. À terre, Mohammed Legouad, musulman, Abel Chennouf et Loïc Liber tous deux catholiques. En les voyant, Christian Venard explique à France Bleu : « je n’ai plus pensé à ce qui se passait à côté. Je me suis mis à genoux à côté d’Abel, je lui ai pris la main. Et comme pour Mohamed Legouad que j’ai accompagné juste après, leur main était encore chaude. Il y a peu de mots pour exprimer ça, mais à un moment, on sent qu’on ne tient plus la main d’un vivant. Quelque chose se passe et on sent que la personne n’est plus en vie ». Face à l’horreur, le prêtre comprend ce qui a pu passer et, dans son esprit, l’idée qu’un braquage ait mal tourné est de plus en plus éloigné. « j’ai quasiment immédiatement la certitude qu’on est sur un attentat, que c’est lié à l’Afghanistan et que c’est évidemment lié puisqu’on était tous au courant de ce qui s’était passé à Toulouse [meurtre du parachutiste Imad Ibn Ziaten, ndlr] ».
La création d’un Musée-Mémorial
Aucun responsable politique n’oublie cette tragédie. En pleine campagne électorale, ne pas rendre hommage aux victimes de l’islamisme serait un drame de plus. Le 11 mars dernier, le Ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer était à Toulouse pour la journée nationale et européenne d’hommage aux victimes du terrorisme. Entouré de nombreux jeunes, le ministre a écrit sur Twitter : « La Nation se souvient. La République fait face. En ce 11 mars, nous nous rassemblons et nous nous recueillons pour la Journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme. A Toulouse, 10 ans après les tueries ». Dix ans après l’assassinat d’Imad Ibn Ziaten, Emmanuel Macron promet, en marge du Sommet de Versailles, la création d’un Musée-mémorial du terrorisme, « pour ne jamais oublier. Pour éclairer. Pour reconstruire ». Le 20 mars prochain, une grande cérémonie devrait se tenir à Toulouse, en compagnie d’Emmanuel Macron et du président israélien, Isaac Herzog.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir