Éducation : la grande oubliée des élections ?
14 février 2022
L’étau se resserre pour les candidats à quelques semaines de l'élection présidentielle. Hors des sujets très médiatisés : sécurité et pouvoir d’achat, certaines questions sont reléguées à l’ombre des discours officiels. Parmi ces oubliés, l’éducation : grande délaissée des programmes électoraux.
« C’est un spectacle admirable que celui que donnent tant de professeurs » souriait, cynique, Charles Péguy dans Notre Jeunesse. Dans ce texte de 1910 à l’actualité étonnante (et déplorable), l’auteur célèbre ceux qui ne cessent de lutter « contre tous leurs propres intérêts. Contre tout le gouvernement, notamment contre le plus redoutable de tous, le gouvernement de l’opinion ». Plus de cent ans plus tard, le constat relève toujours de la même fulgurante réalité.
Tous les politiciens s’émeuvent face à la baisse du niveau scolaire et la chute de l’instruction française dans les classements européens. Pourtant, les promesses de campagne demeurent vagues. Le gouvernement annonçait en 2019 un budget global annuel dédié à l’enseignement scolaire de 53,6 milliards d’euros. C’est, d’après l’INSEE (institut national de la statistique et des études économiques), quatre fois moins que le budget alloué à la protection sociale. L’écart entre la réalité désincarnée décrite dans les hautes sphères de la rue de Grenelle n’a rien à voir avec ce que connaissent les professeurs désœuvrés du terrain.
Professeur des écoles : un métier dévalorisé
Pour rappel, un candidat désirant s’inscrire au CRPE (concours de recrutement de professeur des écoles) doit être titulaire d’un diplôme de master, ou justifier d’un diplôme équivalent, pour un traitement net mensuel initial de 1451 euros seulement (contre 1280 dans le privé). L’ascension des échelons assurant une augmentation de ce salaire — qui, rappelons-le couronne cinq années d’études — n’est signifiante qu’au bout de plus de quinze années d’ancienneté. Seuil légitime, semble-t-il, pour passer la barre des 2000 euros net mensuels, à Paris comme en régions. La rémunération peu attractive constitue un premier frein à l’émergence de vocations. C’est ce qu’affirme Luana Thomann, institutrice en classe de CE2 dans une école du XVIe arrondissement de Paris. « C’est éprouvant de gérer une classe de trente enfants en demande d’attention permanente, sans avoir un seul instant dans la journée pour s’asseoir. C’est
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