Société

En Essonne, le fléau du squat frappe un jeune couple.

9 juin 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Dans la commune rurale d’Ollainville, une famille empêchent Elodie et Laurent d’occuper leur pavillon. Pourtant propriétaire des murs, ils font face à un imbroglio juridique qui peine à leur donner raison.

Au bord d’une route départementale, la maison grisâtre de 70m2 est jonchée de détritus. Certaines vitres sont brisées et les acquéreurs font face depuis le mois de septembre à un mur de silence. La trêve hivernale s’étant achevée, ils tentent régulièrement de régler cette affaire à l’amiable.

« C’était un projet de vie qui allait aboutir ».

Ces jeunes actifs économisent depuis des années pour « quitter le bêton du 94 et s’échapper au vert ». Agence immobilière, notariat, assureur et conseil bancaire : toutes les cases administratives ont été scrupuleusement respectées. Pourtant, ils se retrouvent dans l’impasse. Désabusée, Elodie confie au Parisien qu’elle « n’imaginait jamais pouvoir acheter une maison (…) c’était un projet de vie qui allait aboutir ». La seule erreur qu’ils ont commise est de ne pas avoir constaté le squat 48h après l’occupation. « On pensait que les gendarmes allaient nous donner raison, mais aux yeux de la loi ils étaient chez eux (…) je voulais venir avec des copains faire du forcing (…) les gendarmes me l’ont vite déconseillé ». Démunis et empêchés, Laurent et Elodie se retrouvent sans aucune solution pérenne.

De leur côté, les nouveaux occupants de nationalité tunisienne soutiennent avoir acheté la maison pour 120 000 euros, en liquide et sans passer par les canaux légaux. « Pour eux, ils sont dans leur bon droit ! » s’insurge Laurent.

Une solution judiciaire ?

Les serrures forcées et modifiées depuis bien longtemps, Elodie et Laurent ont été contraint d’entamer une procédure judiciaire. En France, deux procédures distinctes existent pour mettre un terme à un squat. La première relève du droit administratif et consiste à mobiliser la préfecture pour qu’elle ordonne aux forces de l’ordre d’expulser les squatteurs.

Cette solution est obsolète si le constat du squat est fait au-delà des 48 premières heures. La seconde, d’ordre judiciaire, implique de passer par la voie des tribunaux et de s’engager dans de sempiternelles formalités qui mènent souvent au vice de procédure ou au non-lieu. « On a appelé un huissier (…) il nous a dit que ces procédures duraient des années » confie amèrement Laurent.

Selon l’Observatoire du Squat initiée par l’ancienne Ministre du Logement Emmanuelle Wargon, l’Île de France enregistre près de 40% des cas d’habitations illégalement occupée à l’échelle du territoire. Ces situations amènent à des sentiments mêlés de colère, de frustration et de dépossession. En Février 2018, Youcef, chibani bien connu de Garges-lès-Gonesse, avait vu sa maison occupée par des ressortissants bulgares. Face à l’impuissance de l’Etat, les jeunes des cités avoisinantes s’étaient organisés pour reconquérir ce bien confisqué.

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