Société

Gérald Darmanin en visite en Corse après une semaine d’émeutes

16 mars 2022
Crédits photo : Jacques Paquier / Flickr Creative Commons
Temps de lecture : 3 minutes

Le Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin débute sa visite de deux jours en Corse pour « ouvrir un cycle de discussions » après les violentes émeutes survenues les jours précédents.

Cela fait dix jours que des manifestations en soutien au terroriste corse Yvan Colonna ont lieu sur l’île de Beauté. Prêts à découdre, les émeutiers ont incendié des bâtiments d’administration publiques et s’en sont violemment pris aux policiers. Las de la situation, un policier du syndicat Alliance Police CFDT déplore la « guérilla urbaine » qui s’est installée et la jeunesse de certains casseurs. « Quand on voit des gamins de 14 ans nous foncer dessus avec des cocktails molotov c’est compliqué, il faut garder son sang-froid » témoigne l’agent de police à Corse Net Infos. Pour apaiser les tensions, le gouvernement a déjà lâché du leste. Récemment, le Premier Ministre a même levé le statut de « détenus particulièrement signalés » dont faisait l’objet Yvan Colonna et ses complices du commando Érignac.

Menaces de représailles

Dans un communiqué publié à quelques heures de l’arrivée de Gérald Darmanin sur l’île, le Front de Libération Nationale Corse (FLNC) menace de passer à l’action. Connu dans les années 70 à 90 en France pour des attentats à la bombe, qui ont causé la mort de soixante-dix personnes, le groupement terroriste d’inspiration marxiste prévient : « Si l’Etat français demeurait encore sourd, il ne pourra y avoir de sacrifice de la jeunesse qui n’entraîne une réaction proportionnée de notre part ». Dans un texte bref, les membres de ce groupe clandestin avertissent la France : « Rapidement, les combats de la rue d’aujourd’hui seront ceux du maquis de la nuit de demain » tout en se félicitant de voir que « la jeunesse s’est emparée de cette révolte et l’a faite sienne ».

Le gouvernement « prêt à aller jusqu’à l’autonomie »

Malgré les tags « Gaulois de merde » et « Français dehors », et les dizaines d’actes toujours plus violents contre les forces de l’État, les émeutiers reçoivent un certain nombre de gages. Bien que les responsables politiques appellent au calme, la libération de cette rage leur semble légitime. Gilles Simeoni, président du conseil exécutif de Corse avait même déclaré que « la responsabilité de Paris et de la Corse [c’est] de casser la machine à fabriquer de la révolte, de l’injustice et donc des prisonniers. Ça veut dire construire une solution politique ».

La solution politique est là. Le gouvernement français a annoncé qu’il était « prêt à aller jusqu’à l’autonomie » de l’île. Un statut que réclame les émeutiers et les membres de Faisons la Corse, parti autonomiste majoritaire. Une décision qui ne satisfait pas de nombreux responsables politiques métropolitains à l’instar de Marine Le Pen qui dénonce « le clientélisme cynique d’Emmanuel Macron [qui] brise l’intégrité du territoire français : la Corse doit rester française ».

Des revendications entendues

Les objectifs de la visite du ministre sont pluriels. Un : apaiser les tensions. Deux : initier un « cycle de discussions » avec « l’ensemble des élus et des forces vives ». Parallèlement, le gouvernement assure avoir « entendu les demandes des élus de Corse sur l’avenir institutionnel, économique, social ou culturel » de l’île. Mais, comme Emmanuel Macron le rappelait en 2018, dans son discours à Bastia sur l’avenir de la Corse : « nous devons collectivement être lucides et je me dois d’être clair. Plus il y aura de fiscalité transférée, moins il y aura de dotations. Être autonome, c’est assumer ce choix ».

Il y près d’une semaine, Le Canard enchaîné révélait l’existence de discussions entre Paris et Ajaccio. En effet, Emmanuel Macron aurait négocié le statut d’autonomie de l’île en échange d’un soutien clair de sa candidature à l’élection présidentielle de la part des autonomistes corses. Des combines contrariées par l’agression du terroriste Yvan Colonna en prison et l’explosion de la violence en Corse.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *