Politique

Grand Remplacement, remigration : le pari risqué de Zemmour

8 avril 2022
Crédits photo : Livre Noir
Temps de lecture : 7 minutes

Eric Zemmour a imposé ses thèmes dans le débat politique, tentant de faire basculer l’opinion publique. Une stratégie payante pour la droite dans la bataille culturelle, mais qui pourrait lui coûter dans les urnes dimanche.

« Urgence climatique », « patriarcat », « racisme systémique »… La gauche ne manque pas d’expressions orientant le débat public en son sens. « Faites-leur manger le mot, ils avaleront la chose » assurait Lénine. Cette vieille stratégie du philosophe marxiste Antonio Gramsci a porté ses fruits : près d’un siècle plus tard, la gauche est détentrice de la tant convoitée « hégémonie culturelle ». Tant et si bien que, de l’autre bord de l’échiquier politique, on rêve d’un « Gramscisme de droite » pour arracher à la gauche son monopole du cœur. L’émergence récente de nouveaux médias de droite a fait bouger les lignes. Tout s’est accéléré en quelques mois, quand Eric Zemmour a imposé dans le débat de campagne des notions jusqu’alors inaudibles.

Le Grand Remplacement : dix ans pour changer l’indicible en incontournable

« Le sujet, c’est le Grand Remplacement : il y a un peuple qui remplace un autre et qui tiers-mondise le pays. » La candidature d’Eric Zemmour n’est encore qu’une rumeur quand l’écrivain adresse ces mots à Laurence Ferrari sur le plateau d’Europe 1. S’il a fallu attendre trois semaines supplémentaires pour que Reconquête s’inscrive dans la campagne, le « la » était déjà donné. La formule, inédite dans une campagne présidentielle française, est pourtant vieille de onze ans.

En 2010 paraît le Grand Remplacement. Sa thèse, qui vaudra une mise au ban de la respectabilité sociale à son auteur, est alors tue dans l’espace médiatico-politique. Il faudra attendre quelques années pour qu’enfin le concept soit défendu sur un plateau de télévision mainstream. « Ce n’est pas moi qui ai inventé le concept de Grand Remplacement, rétorquait à Yassine Belattar un Eric Zemmour alors simple éditorialiste, en 2019 : Il faut rendre hommage à Renaud Camus, parce que c’est un concept juste. » Deux ans plus tard, CNews se décidait à franchir le pas et brisait le long exil médiatique de l’auteur. Il se trouvera, trois mois plus tard, parmi les spectateurs du meeting d’Eric Zemmour à Agen.

« Il n’y a que la vérité qui ait une force d’explosion, assure Renaud Camus, contacté par Livre Noir : Or seule une explosion peut dissiper l’hébétude. » La thèse de l’auteur n’échappe pas aux trois étapes que subit toute vérité, selon Schopenhauer : « D'abord, elle est

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