Kiffe ta race, le catéchisme de l’antiracisme
21 février 2022
Depuis septembre 2018, la journaliste militante Rokhaya Diallo et la blogueuse engagée Grace Ly discutent race, privilège blanc et stéréotypes dans leur podcast Kiffe ta race. Ces nouvelles prêtresses professent ainsi sur les ondes la bonne parole de l’antiracisme. Décryptage.
« Bienvenue dans ‘Kiffe ta race’, le podcast qui sautent à pieds joints dans les questions raciales. » L’introduction systématique de cette série de 85 podcasts sur les questions raciales donnent le ton. Puis, tel un rituel, Rokhaya Diallo, ou son acolyte Grace Ly, demande à leurs invités de « se positionner sur un plan racial afin que nous sachions d’où ils parlent ». Au fil des épisodes, elles développent le catéchisme antiraciste. « Checker ses privilèges blancs », « On ne nait pas Blanc.he on le devient », « De quoi le voile est-il le nom ? », « Islamophobie, un mot, des maux », « Césars so White » ou encore « Le racisme made in France »… aucun thème de la pensée indigéniste et décoloniale ne semble oublié. Et le tout en écriture inclusive. Après trois ans et demi de diffusion, la leçon est claire : l’antiracisme serait la nouvelle religion du 21e siècle à laquelle il faudrait se conformer. Derrière les couleurs acidulées, le ton décomplexé et les rires décontractés du podcast se cache un enseignement rigoureux des dogmes de l’antiracisme.
Ainsi, Rokhaya Diallo et Grace Ly sont formelles : s’il n’existe pas de « race biologique », - nous appartenons tous à « la race humaine » - il y aurait bel et bien « une race sociologique ». Et c'est cela qu’elles entendent déconstruire. De plus, le credo antiraciste oblige de croire en l’existence d’un racisme systémique mis en place par la population occidentale – comprendre les Blancs – contre les personnes racisées – comprendre les personnes de couleur victimes de racisme. Le monde, de façon tout à fait manichéenne, serait donc divisé en deux camps : d’un côté les méchants Blancs et de l’autre les gentils dits « racisés ».
Un péché originel qui incombe aux Blancs
À ce titre, il suffit de se pencher quelques instants sur les intitulés des différents épisodes. Les titres des podcasts relatifs aux Blancs – ou plutôt devrait-on dire à la blanchité pour respecter la novlangue antiraciste – sont toujours une remise en question ou une critique ironique : « Les Blancs ont-ils une couleur ? », « Pauvres petits Blanc.hes », « Checke tes privilèges blancs » ou encore « Y-a-t-il une culture blanche ? ».
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