« La chrétienté en tant que civilisation est peut-être en train de s’effondrer »
4 mai 2022
Marc Eynaud, journaliste pour Boulevard Voltaire, dénonce dans son ouvrage Qui en veut aux catholiques ? (éditions Artège) les nombreuses violences faites à l'encontre des catholiques. Dans une France déchristianisée, tout semble permis contre l'Eglise.
Dans votre livre vous recensez de nombreux actes anti-chrétiens (attaques, pillages, incendies, profanations et même attentats). De quoi ces actes sont-ils le nom ?
Ces actes anti-chrétiens sont la preuve d’un divorce violent et profond entre la société française et le catholicisme. Nous sommes passés de l’hostilité franche à un mépris de tout ce qui a construit la France.
De nombreux facteurs peuvent expliquer cette bascule. On peut citer notamment la déconstruction qui a mené à une ignorance absolue de notre héritage. Cet héritage est désormais méprisé et oublié. Pour beaucoup, l’Église n’est qu’une institution homophobe, réactionnaire, antiprogressiste…
La France terre chrétienne, « fille ainée de l’Église » est aujourd’hui un pays où les chrétiens sont la cible de nombreuses attaques (certes pas aussi graves que dans certains pays du Moyen-Orient). Comment en sommes-nous arrivés là ?
Ce basculement ne s’est pas fait en deux jours. On peut remonter à l’époque des Lumières et de la Révolution française avec la constitution civile du clergé. Puis il y a eu le rationalisme qui est venu saper l’enseignement de l’Église ainsi que la loi de séparation de l’Église et de l’État en 1905. Et enfin, la mondialisation, le progressisme, mai 68… Tous ces évènements ont conduit à l’effacement et à la disparition de l’Église de France.
Dès votre introduction, vous écrivez : « L’Église catholique, désertée et en déroute, semble menacée de disparition. L’Église de France n’est plus l’ombre que d’elle-même. » Pourtant l’Église continue d’être attaquée. Qu’incarne-t-elle donc aux yeux de ses ennemis ?
L’Église représente tout ce qui peut rester de sacré dans notre pays. C’est Pierre Manent qui disait : « il n’y a plus grand-chose à profaner dans ce pays faute de sacré ». Aujourd’hui, seuls les calvaires au coin des routes, les églises dans les villages ou les statues sur les places des villes sont les témoignages visibles du sacré et sont donc attaqués pour cette raison. D’autre part, l’Église est attaquée parce que l’anthropologie occidentale a pris un chemin très détaché de la philosophe et de l’anthropologie chrétienne. Il y a une incompréhension. Enfin, la progression de l’islamisme reste à l’origine de nombreux faits chrétiens recensés. Ainsi, les catholiques de retrouvent pris dans une tenaille entre d’un côté les progressistes et de l’autre
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