La Hongrie contrarie le souhait de l’UE d’imposer un embargo sur le pétrole russe
4 mai 2022
Bruxelles envisageait de mettre en place un embargo sur le pétrole russe afin d’imposer de nouvelles sanctions économiques contre Russie pour son invasion de l’Ukraine. Une décision à laquelle s’oppose la Hongrie.
La Hongrie fait barrage. La volonté de l’Union européenne d’imposer de nouvelles sanctions à Moscou, concernant ses exportations de pétrole, a été contrariée par le gouvernement hongrois. Le projet « ne peut pas être soutenu dans sa forme actuelle. En toute responsabilité, nous ne pouvons pas voter pour« , a annoncé le ministre des Affaires étrangères du gouvernement de Viktor Orbán, Peter Szijjarto. Pourtant, la Commission préconise dans son 6e volet de sanctions « une interdiction de tout le pétrole russe, brut et raffiné, transporté par mer et par oléoduc » pour la fin de l’année 2022, a indiqué sa présidente Ursula von der Leyen face au Parlement européen. Les exportations de pétrole ne sont pas les seules visées puisque l’UE envisage d’exclure trois banques russes dont la plus importante du pays, la Sberbank, qui représente 37% du marché, du système financier international Swift. Seront également interdits de diffusion dans l’Union européenne les canaux télévisés russes Russia 24, et Russia RTR.
« L’UE devrait renoncer aux livraisons de brut dans les six mois »
Ursula von der Leyen le martèle : « L’UE devrait renoncer aux livraisons de brut dans les six mois et de produits raffinés d’ici la fin de l’année » mais « l’arrêt des importations de pétrole sera « progressif et ordonné, de manière à mettre en place d’autres voies d’approvisionnement et réduire au minimum l’impact [de cette décision] sur les marchés mondiaux ». Bien que la Slovaquie et la Hongrie soient « fortement dépendantes » du gaz naturel et du pétrole russe, l’Union européenne propose de leur permettre de poursuivre leurs achats d’ici à fin 2023, un délai qui « ne sera pas suffisant » selon les confidences d’un responsable européen à l’AFP.
Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, a pour sa part estimé que les pays membres de l’Union Européenne ne souhaitant pas mettre en place un embargo sur le pétrole russe seront « complices » de crimes de guerre. Chaque jour plus de 800 millions d’euros sont versés à la Russie, de l’argent qui « participe à l’effort de guerre russe » comme le souligne le président du conseil italien Mario Draghi. En 2021, la Russie a fourni 30% du brut et 15% des produits pétroliers achetés par l’UE.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir