Société

La nécessaire réintégration des soignants non-vaccinés à l’hôpital

17 mars 2022
Crédits photo : Ludo Rouchy / Flickr Creative Commons
Temps de lecture : 3 minutes

Après six mois de mise à l’écart des centres hospitaliers, des voix s’élèvent pour la réintégration des soignants non-vaccinés contre le Covid-19.

Depuis le 15 septembre 2021, il est interdit aux soignants non-vaccinés d’exercer leur profession. Une situation que de nombreux responsables politiques dénonçaient déjà à l’époque, l’hôpital souffrant d’un manque important de personnel. Malgré les projections faites par l’Observatoire national de la démographie des professions de santé, les données restent difficiles à évaluer. En février dernier, la commission d’enquête sénatoriale sur la situation de l’hôpital et du système de santé a pointé du doigt cette absurdité. « Ça me paraît un peu ubuesque. Comment se fait-il que la DGOS [direction générale de l’offre de soins, ndlr] ne puisse pas avoir des tableaux de bord actualisés du nombre de personnes ? » déclarait à cette occasion le rapporteur Catherine Deroche, sénatrice Les Républicains. Face au manque de personnel, certains élus demandent la réintégration des soignants non-vaccinés contre le Covid-19 dans leurs services.

Les parlementaires montent au créneau

Vingt-et-un parlementaires ont décidé de signer une tribune, publiée le 14 mars par Valeurs actuelles, en faveur du retour des soignants non-vaccinés dans les services de soins qui en ont le plus besoin. Les élus dénoncent le comportement schizophrène du gouvernement. Des applaudissements et puis plus rien. « Brutalement, le sort réservé aux soignants a changé : les héros d’hier sont devenus les parias d’aujourd’hui ». « Ce sont plus de 15.000 soignants et près de 6.000 pompiers qui ont été suspendus » rappellent-ils. Soit des lits à fermer par manque d’effectifs, une tension hospitalière accrue, des reports de soins et la porte ouverte à « une véritable catastrophe sanitaire ». Une situation qui a même poussé certains membres du personnel hospitaliers à venir travailler tout en étant malade du coronavirus, ce que dénonce cette tribune : « le gouvernement s’est lui-même contraint à rappeler des soignants vaccinés mais malades du Covid (positifs, donc) ; au lieu de faire appel à des personnels non-vaccinés mais négatifs et prêts à se faire tester chaque jour si nécessaire. Kafka en rêvait, le gouvernement l’a fait ! ».

En janvier, la sénatrice de Guadeloupe, Victoire Jasmin, proposait d’« interrompre la suspension du contrat de travail pour les soignants non-vaccinés en Guadeloupe » lorsque les centres de soins sont soumis « à de fortes tensions ». La sénatrice dénonçait également l’absurdité qui conduit certains soignants infectés à devoir travailler. « Pourquoi est-ce qu’on empêche les soignants non vaccinés d’exercer quand on permettrait à des soignants cas positifs, asymptomatiques ou paucisymptomatiques, de travailler ? » Question à laquelle le Ministre de la Santé, Olivier Véran a répondu : « C’est deux cas d’exercice totalement différentsIl y a l’exercice dans la durée et l’exercice dans une situation exceptionnelle, dérogatoire, où on n’aurait vraiment pas le choix. »

« Laissez-nous travailler »

Lors d’un déplacement à La Pommeraye, dans le Maine-et-Loire, mardi dernier, celui qui avait « très envie d’emmerder les non-vaccinés » est tombé nez-à-nez avec l’un d’entre eux. Dans un véritable cri du coeur, en larmes, une aide-soignante non-vaccinée a fait part de sa détresse à Emmanuel Macron : « Monsieur le président, pourquoi obliger les soignants à se faire vacciner ? S’il vous plaît, laissez-nous travailler ! ». « On est en souffrance, comment peut-on vivre ? Il faut qu’on puisse retourner sur le terrain. On n’a plus de masques, j’ai des collègues vaccinés mais qui ont le covid et qui peuvent travailler, pourquoi pas nous ? » souligne-t-elle avec émotion. Mais, le président assume tenir une ligne dure, là où les États-Unis, le Canada et le Royaume-Uni ont lâché du leste : « Le gouvernement ne va pas enlever l’obligation vaccinale, je vous le dis en toute sincérité ».

Une situation que dénoncent de nombreux soignants. À Nantes, le Collectif santé 44 (dont les membres sont des soignants non-vaccinés), manifeste tous les samedis pour demander que cesse une politique de l’absurde : « Cela fait six mois que des soignants suspendus ne touchent plus le moindre salaire. […] Certains établissements font travailler des soignants positifs, exposant ainsi leurs patients à la contamination du virus, tandis que des soignants sains mais suspendus sont eux disponibles mais non autorisés à reprendre leur travail ».

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