La stratégie communautariste de Mélenchon
24 mai 2022
Depuis 2017, Jean-Luc Mélenchon mise sur le vote musulman afin de s’installer comme la première force d’opposition en France. Une stratégie payante, mais jusqu’à quand ?
« Mélenchon défenseur des musulmans. » Dans l’imaginaire collectif, Jean-Luc Mélenchon a réussi à s’imposer comme le défenseur de la communauté musulmane en France. Dès 2019, il participe aux côtés du collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) à la marche contre l’islamophobie. Lorsque la loi contre le séparatisme est adoptée par le Parlement, en août 2021, il devient le porte-parole des musulmans qui se sentent opprimés.
Les musulmans, un électorat de substitution
Au cours de la récente campagne présidentielle, les équipes de la France insoumise ont donc misé – avec succès -sur les quartiers populaires où vivent en grande partie des populations issues de l’immigration et souvent de confession musulmane. Les scores sont sans appel. 65% à Villetaneuse, 61% à Saint-Denis ou Trappes dès le premier tour. Dans les quartiers nords de Marseille ou dans la banlieue lyonnaise, le leader de la France insoumise réussit à s’imposer face à Emmanuel Macron. L’enquête de l’IFOP pour La Croix vient confirmer ces premiers résultats. Selon ce sondage, 69% de Français de confession musulmane auraient accordé leur suffrage à Jean-Luc Mélenchon.
Avec le vote musulman, Jean-Luc Mélenchon cherche un électorat de substitution. Il ne peut plus compter sur le vote ouvrier – étant que 68% des ouvriers ont voté pour Marine Le Pen lors du second tour de l’élection présidentielle. De fait, depuis plusieurs années, la gauche a délaissé la défense de l’ouvrier pour celle des minorités. Jean-Luc Mélenchon n’a donc d’autres choix que de trouver un nouveau socle électoral.
Mais voter Jean-Luc Mélenchon est loin d’être une évidence pour une grande partie de l’électorat musulman. Comme le souligne Damien Saverot auprès des journalistes du Figaro, les musulmans partagent des convictions plutôt libérales sur le plan économique et conservatrices dans le domaine sociétal. Le projet politique est donc loin de les satisfaire. Pour ce doctorant spécialiste de l’islam, le vote Mélenchon des musulmans est donc davantage un vote de « ras-le-bol » qu’un vote de conviction. Jean-Luc Mélenchon ne pourra donc pas compter éternellement sur leur soutien.
Erik Tegner
Directeur de la rédaction