La suppression du corps diplomatique par Emmanuel Macron suscite les indignations
19 avril 2022
Publiée au Journal Officiel en plein week-end pascal, la suppression des corps diplomatique et préfectoral a été décidée pour le 1er janvier 2023 par un décret d’Emmanuel Macron. Depuis, cette décision suscite de vives contestations.
La réforme de la haute fonction publique, prévue pour l’année 2022 et voulue par Emmanuel Macron suscite le mécontentement de nombreux politiques et diplomates de carrière. Dans le cadre de cette réforme, un décret, publié lundi 18 avril au Journal Officiel, a acté pour le 1er janvier 2023, la suppression définitive du corps diplomatique. Sur Twitter, Marine Le Pen, candidate du Rassemblement national, fustige une telle décision : “À quelques jours de la fin de son mandat, Emmanuel Macron a publié le décret supprimant notre corps diplomatique. Il veut remplacer des serviteurs de l’État impartiaux par du copinage”, et de promettre : “Présidente, je rétablirai un statut de diplomate fondé sur le mérite et l’intérêt national”.
Parallèlement, Jean-Luc Mélenchon dénonce une mesure destructrice : “Journal officiel : suppression du corps diplomatique. La France voit détruire au bout de plusieurs siècles son réseau diplomatique. Le 2ème du monde. Les copains de promo vont pouvoir être nommés. Immense tristesse”.
La suppression du corps diplomatique est une “affaire grave”
De nombreux spécialistes s’interrogent sur l’utilité d’une telle mesure. Sur Twitter, Eric Anceau, spécialiste de l’histoire politique et sociale de la France et de l’Europe contemporaines et ancien membre du bureau national du parti Debout la France s’est d’abord insurgé contre une décision qui « relève d’un pur amateurisme ».
Dans une tribune, publiée cet après-midi sur le site du magazine Marianne, l’historien regrette une mesure inopportune. « Indépendamment de l’inopportunité complète du moment qui montre, une fois de plus, combien nos dirigeants sont hors sol, l’affaire est grave » dénonce l’historien avant d’ajouter : « Ceux qui connaissent l’État et son histoire voient très bien ce que l’on va perdre, et très mal ce que l’on va gagner. Nos grands corps sont compétents et expérimentés. Ils font l’admiration de l’étranger. Le corps préfectoral, pour ne citer que lui, a été copié par de nombreux pays étrangers qui ne le réformeraient pour rien au monde ».
Comme Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, Eric Anceau dénonce un système de nomination encore très mal défini : « Avec le nouveau corps, car il s’agit bien de créer un nouveau corps, on pourra être nommé selon des critères opaques successivement préfet, ambassadeur ou inspecteur général […] et l’on sera inspecté par des personnalités qui n’auront pas tous les éléments d’appréciation pour s’acquitter de leur mission. C’est un peu comme si l’on supprimait les médecins spécialistes, oncologues, chirurgiens du cœur ou gynécologues par des médecins généralistes« . Et de conclure : « Quel singulier désarmement de notre pays ! ».

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir