L’Allemagne choisit les F-35 américains au détriment de la France : quid de l’Europe de la Défense ?

La commission de défense du Bundestag a validé, lundi 14 mars, l’achat de F-35 américains, plutôt que des Rafales français, pour équiper l‘armée de l’air allemande.

L’affaire est tranchée, l’Allemagne achètera américain. Obsolète, la flotte aérienne de la Luftwaffe va être renouvelée avec l’achat de F-35 américains. Privilégiant ces chasseurs furtifs, l’Allemagne en commande 35 aux États-Unis. Cette décision, prise par la commission de défense du Bundestag lundi 14 mars, a de quoi faire grincer des dents Paris. La secrétaire d’État Siemtje Möller vante les mérite de cette nouvelle acquisition dans un courrier adressé aux parlementaires : «Au cours des dernières années, le F-35 s’est imposé comme système de référence au sein de l’Otan et présente un potentiel de coopération unique avec nos alliés et d’autres partenaires en Europe». Parallèlement, l’Allemagne compte s’équiper de 15 Eurofighter pour des missions de brouillages des systèmes antiaériens.

Le F-35, Otan compatible

L’avantage des F-35 est indéniable. Ceux-ci sont homologués pour les bombes nucléaires tactiques B-61 Mod12 américaines stockées en Allemagne par le Pentagone dans le cadre de la politique de dissuasion nucléaire pratiquée par l’Otan. Le Rafale, quant à lui ne peut porter de telles charges. L’Allemagne privilégiant l’alliance atlantique, il était tout naturel, pour elle, de se tourner vers des avions américains. Toutefois, le directeur du programme de recherche sur la sécurité et la défense au Conseil européen, Christian Mölling, l’assure : «En achetant des F-35 tout en s’engageant en faveur de ce programme européen, le gouvernement poursuit une double stratégie».

Dassault et Airbus mis à mal

Le PDG d’Airbus prévient : « [le choix du F-35 risque] d’affaiblir l’industrie européenne de la défense et de la rendre de plus en plus tributaire de la technologie américaine ». De leurs côtés, les députés français Patricia Mirallès et Jean-Louis Thiériot mettaient en garde l’Allemagne contre l’achat de matériel américains : « L’Allemagne a besoin de remplacer urgemment ses Tornado pour mettre en œuvre la dissuasion dans le cadre du partage nucléaire de l’OTAN. Des rumeurs persistantes font état de la préférence de la Luftwaffe pour le F-35 qui, s’il était acquis, supprimerait le besoin allemand d’un nouveau chasseur à horizon 2040 ». Cette nouvelle acquisition met en effet en péril le projet du Scaf, modèle d’avion de chasse censé remplacer, à l’horizon 2040, tous les rafales et eurofighters. Mais, le chancelier Olaf Scholz prévient que le projet reste « une priorité absolue ».