L’appel de Marine le Pen aux classes moyennes
8 juin 2022
Invitée au micro de Dimitri Pavlenko, Marine Le Pen a tenu une nouvelle fois à s’adresser à sa base électorale, à quelques jours d’un scrutin décisif pour son parti.
« Il faut aller voter, c’est un acte de défense ». Marine le Pen le martèlera au fil de son entrevue donnée à Europe 1 : les élections législatives constitueront une étape cruciale pour l’avenir du Rassemblement National et sa présence sur l’échiquier politique français.
Eviter le gouffre de l’abstention
Questionnée sur son sentiment à l’endroit des électeurs et de leur mobilisation, l’ancienne présidente du RN reste circonspecte. « Je crains toujours l’abstention, elle est la conséquence d’un mode de scrutin inique qui donne le sentiment aux gens que leur voix n’est pas prise en considération ».
Il s’agit d’ailleurs d’un point d’accord avec les projets de « revitalisation de la vie démocratique » voulus par le Président de la République à l’aube de son premier mandant concernant l’intégration d’une dose de proportionnelle à l’Assemblée nationale. Cette réforme avait néanmoins été écartée par la majorité par les impératifs du présent : crise des Gilets Jaunes, pandémie de Covid et enfin conflit ukrainien pour ne pas les citer.
Non contente de fustiger l’action gouvernementale, elle poursuivra en mettant en lumière ce qu’elle considère être un paradoxe démocratique : « Ce sont les classes moyennes et populaires qui souffrent le plus de la politique de Macron et ce sont celles qui votent le moins ». L’enjeu soulevé est celui de la crédibilité et la confiance accordée aux politiques. Après huit candidatures infructueuses et un plafond de verre à peine brisé, Marine le Pen évoquait déjà avec amertume lors des régionales de 2021 l’échec de son parti. « L’abstention est notre pire ennemi (…) nos électeurs ne se sont pas déplacés ».
« Eviter le tsunami de l’inflation »
« Les classes moyennes dont on ne parle jamais, dont on dit avec le sourire qu’elles sont trop pauvres pour être riche et trop riches pour bénéficier de la redistribution » s’insurgera-t-elle après que le journaliste Dimitri Pavlenko ait rappelé le panel de mesures de soutien initiées par le gouvernement. Elle ajoutera avec ironie que ce que le ministre de l’économie Bruno Le Maire « donne de la main droite, il le reprendra de la main gauche ». Selon elle, en 2023 et malgré les mesures d’ajustement qui ont été décidées, « il y aura un rattrapage évident des prix du gaz, de l’essence et des produits de premières nécessités ».
Le passage dans cette matinale aura également été l’occasion pour la député sortante d’Hénin-Baumont de rappeler ses principales mesures concernant le pouvoir d’achat, sujet dont elle soutient « ne pas avoir honte de parler » : Abaissement de la TVA de 20% à 5,5% sur les carburants, création du Fond Souverain Français, revalorisation des salaires dans les TPE-PME, exonération de l’impôt sur le revenu pour les moins de 30 ans…
Alors que Jean-Luc Mélenchon emmène avec force la campagne des législatives tant par sa présence médiatique que par la dynamique d’union de la Nupes, le Rassemblement National fait face à un électorat qui, à force d’échecs répétés, risque de sombrer dans l’abstention.