Écologie

Le chemin de l’écologie punitive emprunté par l’Union Européenne

17 juin 2022
Temps de lecture : 5 minutes

Le parlement européen a voté le 8 juin dernier en faveur de l’interdiction de la vente de véhicules neufs à moteur essences et diesel. Les députés ont acté ces nouvelles dispositions relatives à la réduction de nos émissions à l’issu d’un vote corseté : 339 voix pour, 249 contre et 24 abstentions. Tour d’horizon d’un enjeu majeur de l’écologie contemporaine.

Treize années s’écouleront d’ici là et il s’agira d’en profiter. En effet, le charme intemporel d’une Clio 2 cabossée ne courra plus dans le paysage routier. La Commission Européenne a tranché le 8 juin en faveur d’une de ses mesures les plus contestées : l’interdiction de la vente de voiture à moteur thermique.

Des objectifs clairement énoncés

Bruno Le Maire, ministre de l’Economie l’a martelé au fil du quinquennat : « il faut axer la relance sur les principes de la transition écologique ». Attentif aux recommandations de l’Union Européenne, celle-ci a par ailleurs initié en juillet 2021 le Plan Vert, composé d’une nomenclature drastique qui vise « la neutralité carbone dès 2050 ».Parallèlement, la France reste l’un des meilleurs élèves en termes d’émissions de Co2. L’atout nucléaire nous permet d’ores et déjà de respecter les engagements ambitieux décidés lors de la COP21.

La concrétisation de l’écologie punitive

L’Eurodéputé Renaissance Pascal Canfin s’est félicité de la nouvelle sur les réseaux sociaux. Fervent partisan du capitalisme vert, il est l’un des atouts écolo de la manche macronienne. A croire que le pouvoir ne retient pas les leçons du quinquennat écoulé, celui ayant démontré la frilosité du peuple français à voir ses habitudes bousculées, particulièrement en ce qui concerne l’automobile.

Le prix du gasoil couplé aux limitations de vitesses dans les territoires périphériques ont mené à des scènes d’insurrection inédites qui appellerait, pour un chef de l’état, à la modération. Alors que la flambée des prix du carburant ne cesse de croître ces derniers mois, cette mesure contraire aux impératifs du quotidien de nombreux français ne laisse présager que la gronde.

Puisque l’affront n’était pas suffisamment exhaustif, le parlement européen a précisé que l’interdiction de vente ne s’appliquerait par à la filière automobile de luxe. Lamborghini et et Corvettes n’ont que très rarement – si ce n’est jamais – été constatées sur les ronds-points, théâtre de la contestation des Gilets Jaunes.

L’imbroglio de la taxe carbone

Emmanuel Macron nous avait prévenu à l’aube de son second mandat : « Le premier ministre sera directement chargé de la planification écologique ». Qu’en est-il cependant du détail des principales dispositions  ?

Les plus consensuelles tombent sous le bon sens : repeuplement des forêts, rénovation des logements vétustes et énergivores… Un caillou reste cependant logé dans la botte de l’exécutif : celui de la taxe carbone et de ses effets délétères sur les consommateurs (Particuliers, artisans, TPE PME) Ce principe institué par le gouvernement socialiste Ayrault en 2014 repose sur le « Pollueur -Payeur ». Huit années, 52 semaines de Gilets Jaunes et une guerre en Ukraine plus tard, les consommateurs restent pantois et impuissants face à cette situation inextricable.

Plaidoyé pour l’écologie d’action

Selon l’économiste Phillipe Murer, seules « 8% des particules fines présentes dans les grandes métropoles viennent des voitures (…) les 92% restants proviennent des centrales à charbon allemandes des centrales à fioul polonaise ». Interdire les voitures serait donc un non sens écologique, mais surtout une mesure anti-sociale.

L’une des constantes de l’économie de marché repose sur la théorie ricardienne des avantages comparatifs. Celle-ci suppose que chaque pays dispose d’un intérêt propre à développer des productions spécifiques afin de concurrencer ses voisins. C’est le pari initié par les commissaires européens d’investir drastiquement dans l’électrique (éolien, solaire et hydraulique) pour, à terme, réduire le prix des véhicules propres et permettre aux lambdas d’en acquérir. Toutefois, une troisième voie existe, celle de l’hydrogène.

Cette perspective nécessiterait un certain volontarisme et une planification ordonnée par l’Etat-Stratège. La commande publique doit être, toujours selon Phillipe Murer, « au centre de la transition écologique, dans une perspective gaulliste de protectionnisme ». Or, la libre-circulation des capitaux et des marchandises pourrait freiner cette dynamique et se heurterait aux exigences immédiates d’une population attachée à l’usage de véhicules.

« Un français moyen dépense un à deux mois de salaire pour se chauffer, se déplacer » ajoute-t-il. La hausse des prix du pétrole, telle qu’on le constate aujourd’hui amène irrémédiablement à trouver des moyens de substitutions de court-terme (Charbons, gaz de chiste). On ne peut cependant pas s’en satisfaire.

La grogne de l’industrie automobile

Pour répondre aux exigences de la commission européennes, des marques telles qu’Alfa Romeo ou Fiat se sont déjà engagées au bouquet 100% électriques d’ici 2027. L’industrie automobile et le lobby qu’elle sous-tend restent néanmoins circonspects. Alors qu’en mai 2020 le chef de l’état avait réuni les représentants de la filière automobile française, ceux-ci s’étaient vu sanctionné d’un cahier des charges ambitieux : Électrification progressive des voitures, investissement dans l’installation des bornes… 17,5 miliards d’euros pourraient être engagés par l’Etat afin de soutenir ce bouleversement de la méthode de productions.

Il est néanmoins permis de douter d’un consensus mondiale sur la diminution de la manne des énergies fossiles dans le quotidien. Une myriade de grands états ne se plieront jamais aux exigences fantasques de l’Union Européenne, dont le poids est désormais résiduel et marginal dans le concert diplomatique des nations. L’Inde et son milliard et demi d’habitants, la Chine et ses impératifs industriels ou encore les Etats Unis qui tentent de maintenir le confort de vie de ses habitants, n’investiraient pas dans une si grande bascule.

L’Europe gage donc sur une baisse des prix des véhicules électriques dans prochaines années. Elle mise sur les prouesse du progrès technologique mais aussi sur le volume de production qui permettra de réduire progressivement les couts de productions et donc, le prix de vente aux particuliers.

Des fleurons telles que Peugeot, Mercedes et Toyota ont déjà débuté la production de séries limitées de véhicules hydrogène. Ce marché bénéficiera d’un élan significatif si et seulement si l’Etat investit à la hauteur de l’enjeu dans les secteurs publics et semi privés : Transports collectifs, aéronautique civil et militaire, engins ferroviaires…

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