Société

Le fiasco du « job-dating » des enseignants

9 juin 2022
école primaire / Credit Photo : Banque d’image / Wikimédia
Temps de lecture : 2 minutes

Début juin, l’Académie de Versailles recrutait ses futurs professeurs en leur faisant passer des entretiens d’une demi-heure. Une pratique reprise par l’Académie d’Amiens quelques jours plus tard. Un « job-dating » qui en dit long sur le peu de considération accordée au métier d’enseignant.

« Job-dating au rabais », « on détruit l’école de la République« , « réformes à la noix« … Les critiques contre le recrutement ultra-rapide des enseignants sur Twitter ne se sont pas faites attendre. Rapidement, nombre d’enseignants et de politiques ont crié leur indignation.

Une dévalorisation du métier d’enseignant

En cause, un recrutement express de plusieurs milliers d’enseignants contractuels. Une demi-heure d’entretien et un contrat à la clef. Pour les syndicats comme pour les professeurs, ce procédé est tout simplement scandaleux. « Se dire que l’on peut devenir prof en une demi-heure, c’est quelque chose qui nous paraît hallucinant. » explique l’un de ses syndicats auprès de nos confrères du Figaro. Et de poursuivre :  » Je ne me vois pas devenir vétérinaire ou pilote de chasse en une demi-heure, seulement parce que j’ai un chat ou parce que j’aime bien voyager en avion. Cette pratique est choquante. »

Les professeurs abondent dans le même sens. Auprès de Marianne, un professeur d’histoire-géographie témoigne : « Le recours aux contractuels n’est pas une nouveauté, loin de là. On connaît leur « utilité » pour l’administration et les comptes publics : souplesse du contrat, salaires inférieurs, pensions futures moindres notamment. » Le problème selon lui n’est pas tant le statut de contractuels que le manque de préparation de l’Education nationale qui conduit à de tels recrutements rapides. La crise de recrutement des enseignants est loin d’être une nouveauté, elle aurait pu être anticipée et deux sessions de concours auraient alors pu être organisées, explique ce professeur. Mais rien de cela n’a été fait.

A ces méthodes honteuses, s’ajoute un deuxième scandale : la dévalorisation du métier d’enseignants. « Si la volonté était de dépoussiérer l’image du métier, c’est raté. Cela évoque davantage les petits boulots précaires et mal payés et contribue à dévaloriser l’image d’une profession déjà à la peine. » explique le professeur aux journalistes de Marianne. Pour les syndicats, le risque est que l’on « s’attaque à l’existence des concours« . Or, ces concours sont une garantie sur le niveau des professeurs recrutés. Sans eux, on risque de dévaluer le niveau exigé.

De plus avec de telles pratiques, le message envoyé est contraire aux attentes des enseignants. Désormais, tout le monde semble pouvoir devenir professeur alors que le monde professoral réclame davantage de reconnaissance tant d’un point de vue social que salarial. Pour le SNALC, « c’est le signe d’une dévalorisation générale de certaines fonctions pourtant essentielles à la société : la fonction d’éducation, la fonction de soin. » (Le Figaro)

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