Société

Le groupe de conseil McKinsey accusé d’optimisation fiscale

21 mars 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Rendu public jeudi 17 mars, un rapport de la commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil au cours du quinquennat, accuse le cabinet McKinsey, souvent sollicité lors de la pandémie, d’optimisation fiscale.

C’est un rapport édifiant que le Sénat a publié jeudi dernier. Fruit du travail de la commission d’enquête sénatoriale sur l’influence des cabinets de conseil, cette enquête a permis d’auditionner 47 personnes et d’analyser 7.000 documents. Long de 361 pages, le document fait état de plus de 894 millions d’euros de dépenses en cabinets de conseil par l’Élysée pour la seule année 2021. Ayant souvent sollicité le cabinet McKinsey, pourtant accusé d’optimisation fiscale, l’État est épinglé dans la gestion de son budget lorsqu’il a recours à des sociétés privées de conseil. Interrogé, dimanche 20 mars, sur cette question par le Grand Jury, le Ministre de l’Économie, Buno Le Maire affirme que « toutes les procédures sont déjà engagées par la direction générale des finances publiques, McKinsey paiera » mais d’ajouter : « Un Etat qui fonctionne bien, c’est un Etat recentré sur ses missions essentielles. Qu’on fasse appel à des spécialistes sur certains sujets, ça me paraît aussi un principe de bonne gestion ».

« Cela coûte un pognon de dingue »

Les conclusions du rapport sont néanmoins sans appel : « entre 2018 et 2021, comme le confirment les données de la direction du budget : les dépenses de conseil des ministères ont plus que doublé, avec une forte accélération en 2021 (+ 45 %) ». En 2018, l’ensemble des prestations commandées par les ministères atteignaient 379,1 millions d’euros. Un nombre qui n’a fait qu’augmenter d’année en année, pour atteindre 893,9 millions d’euros. Selon, les sénateurs, « le conseil en stratégie et organisation a été multiplié par 3,7 depuis 2018 ; le conseil en stratégie des systèmes d’information par 5,8 ». D’autre part, la commission rapporte dans ses conclusion que « près de 85 % des dépenses sont concentrées dans 5 ministères : Intérieur, Économie et Finances, Armées, Transition écologique, ministères sociaux ».

Éliane Assassi, sénatrice communiste de Seine-Saint-Denis, rapporteur de l’enquête n’a pu s’empêcher de vertement critiquer les innombrables recours du gouvernement à des cabinets privés. « Ils installent leur logique de réduction du nombre de fonctionnaires, qui peuvent être remplacés par des cabinets privés, peu importe si cela coûte un pognon de dingue » déclare-t-elle. De son côté, Arnaud Bazin, sénateur Les Républicains de du Val-d’Oise et président de la commission d’enquête considère que « Le phénomène est tentaculaire. On retrouve, dans l’ensemble des politiques de l’État, l’intervention de ces cabinets de conseil de façon exponentielle ».

McKinsey dans le viseur

Le cabinet international de conseil en stratégie basé à New York est particulièrement visé dans le rapport des sénateurs. Particulièrement sollicité lors de la crise sanitaire, le cabinet a facturé ses conseils 12 millions d’euros lors de la période. À franceinfo, Éliane Assassi, déclare : « Le cabinet McKinsey n’a pas payé l’impôt sur les sociétés en France depuis au moins dix ans alors que son chiffre d’affaires sur le territoire national atteint 329 millions d’euros en 2020, dont environ 5% dans le secteur public ». Accusé d’optimisation fiscale et d’avoir facturé des prestations qui n’ont pas fait l’objet d’une suite par la commission sénatoriale, le cabinet de conseil va faire l’objet d’une enquête judiciaire approfondie. « Aucune suite tangible n’est donnée à leurs prestations, comme lorsque McKinsey est intervenu en 2019 et 2020 à la Caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV) pour préparer la réforme (avortée) des retraites (prestation de 957 674,20 euros) » indique le rapport.

Toutefois, dans un communiqué, le groupe se défend et assure respecter « l’ensemble des règles fiscales et sociales françaises applicables » et dit avoir payé l’impôt sur les sociétés « les années où le cabinet a réalisé des bénéfices en France ». Des propos dont la Justice devra déterminer la véracité.

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