Société

« Le nègre du Narcisse » débaptisé

11 mai 2022
Crédits photo : Compte Twitter / @JAsensio
Temps de lecture : 2 minutes

Après les statues déboulonnées et les films censurés, voilà que le wokisme et la cancel culture s’attaquent une nouvelle fois à la littérature. Les éditions Autrement ont décidé de supprimer le mot « nègre » de l’œuvre Le nègre du Narcisse et de corriger son titre.

La censure « woke » continue de faire des victimes. Après Les Dix petits nègres d’Agatha Christie devenu en 2020 Ils étaient dix, c’est au tour du récit maritime, Le nègre du Narcisse, de Joseph Conrad (1897) de devenir Les enfants de la mer chez Autrement, pour sa sortie en poche.

Ce titre, qui apparait certes sur la couverture de la version américaine de cet ouvrage, manque cruellement d’originalité et ne rend guère hommage à l’écriture de Joseph Conrad. « [Ce nouveau titre] pourrait aussi être celui de 98% des romans se passent sur un bateau » note avec ironie un journaliste de Marianne.

Aveuglement historique

L’éditeur se défend. « J’ai pensé que le mot ‘nègre’ pouvait être offensant. Je l’ai remplacé par le mot ‘noir’ partout où il était présent dans le texte. […] Ce remplacement ne fait rien perdre au livre d’un point de vue politique ou littéraire » explique-t-il. Encore une fois, l’argument de l’offense supposé et de la victimisation refait surface. Mais cet argument occulte totalement la réalité littéraire de l’œuvre et son contexte de publication. Le livre ayant été publié pour la première fois en 1897, il aurait fallu recontextualiser son texte avec de la pédagogie plutôt que de la censure. « On se permet d’imposer un littérairement correct à un génie de la littérature ! Ils sont devenus fous ! » dénonce Philippe Bilger.

Le couperet du wokisme pourrait bientôt tomber sur de nouveaux ouvrages. Jusqu’à quand Les Contes nègres pour les enfants des Blancs de Blaise Cendrars gardera-t-il son titre original ? « Le Nègre du Surnimam » de Voltaire sera-t-il effacé de son œuvre ?

Après la Belle au Bois dormant considéré comme sexiste ou Autant emporte le vent analysé comme raciste, le wokisme promet de belles heures à la culture.

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