Le « passe climatique » du WWF : un bien mauvais signal.
4 mars 2022
Après l’annonce du Fond mondial pour la nature d’imposer « un passe climatique » aux responsables politiques, Bertrand Alliot, porte-parole d’Action Ecologie réagit.
Le Fonds mondial pour la nature (WWF) vient de lancer une pétition intitulée « imposons un passe climatique au ou à la futur.e président.e ». L’ONG souhaite que le futur président de la République présente son « passe climatique » à chaque fois qu’il « compte prendre une décision au cours de son mandat ». Il s’imposera ainsi une discipline de fer pour sortir de la « crise écologique » à l’image de celle qui fut nécessaire au français pour contrôler la « crise sanitaire».
En prenant cette initiative le WWF envoie un bien mauvais signal qui nuit à la cause de la préservation de l’environnement. Les Français sont en effet éprouvés par les mesures sanitaires imposées par la crise COVID car ils ont dû subir des mesures coercitives qui ont fortement impacté leur quotidien durant deux longues années. La population est par ailleurs profondément divisée sur l’appréciation de la politique de santé publique menée par le gouvernement.
En évoquant le « passe climatique », alors même que le bout du tunnel « sanitaire » est en vue, le WWF ravive inutilement les angoisses et propage cette idée folle que la politique environnementale doit s’appliquer grâce à l’avènement d’une société de contrôles généralisés. L’ONG donne ainsi du crédit aux thèses qui circulent dans l’opinion publique et qui promettent le déploiement d’une vaste surveillance écologique succédant à la surveillance Covid.
À la lecture du texte de cette étrange pétition (le passe ne s’appliquant qu’au chef de l’Etat et non à l’ensemble de la population), il est difficile de savoir si la proposition de la célèbre ONG est sérieuse ou relève en réalité d’un coup de communication s’appuyant sur un élément emblématique de l’actualité. Une chose est sûre cependant : ce type de pétition est de nature à ternir l’image du combat pour la préservation de la nature et de l’environnement car il alimente les suspicions sur les intentions « autoritaires » du vaste mouvement de l’écologie.
Enfin, en ces temps de grandes manœuvres électorales et de grandes tensions sur le marché de l’électricité, on ne saurait trop conseiller au WWF de la mettre en veilleuse car le « coup de com » pourrait se retourner contre son instigateur.
Avec d’autres grandes ONG françaises comme Greenpeace, le WWF défend un scénario énergétique basé sur 100% d’énergies renouvelables d’ici 2050 ce qui implique de réduire drastiquement et en un temps record le recours au nucléaire sur le territoire français. Il défend aussi le développement de l’éolien et du photovoltaïque. Or ces deux politiques simultanées, en plus d’une augmentation spectaculaire du prix de l’électricité, vont entraîner une augmentation très importante des problèmes environnementaux : gaspillage d’unités de production parfaitement viables, augmentation des rejets de CO2, extraction supplémentaire de matière première, menaces sur les espèces et les espaces naturels, etc. En matière énergétique, la position des grandes ONG devient en réalité intenable. Non seulement leurs préconisations vont entrainer de graves problèmes sociaux à cause du renchérissement de l’énergie, mais elles agissent en plus contre l’intérêt de la protection de l’environnement qui est leur raison d’être.
Pour toutes ces raisons, le WWF doit retirer cette grotesque pétition qui décrédibilise encore un peu plus le mouvement de l’écologie

Bertrand Alliot
Environnementaliste et porte-parole d’Action Écologie