Législatives 2022: La surprenante répartition du temps de parole
9 juin 2022
Régulièrement accusée de promouvoir une ligne éditoriale trop « droitière », Cnews apparaît comme l’une des chaînes d’information de masse les plus respectueuses de l’équité du temps de parole. Décryptage statistique à l’aune des élections législatives de juin 2022.
L’Arcom est la nouvelle structure d’organisation du débat démocratique, elle accorde aux chaînes de télévisions le droit d’inviter ou non certaines personnalitées. elle prolonge depuis octobre 2021 cette mission d’organisation, du temps de parole politique diffusé sur les plateformes audiovisuelles autrefois attribuée au CSA. Son fonctionnement est encadré par la délibération du 9 juillet 2006 « Relative au principe de pluralisme politique dans les services de radios et de télévisions ».
Quel pluralisme dans les médias ?
Les conclusions de cette délibération permettent de dégager quelques points pertinents. D’abord le fait que le principe de pluralisme politique ne concerne pas les rédactions des radios privées d’opinion. RMC, 1, RTL, Radio Classique ou Beur FM peuvent donner libre-cours au choix de leurs invités.
L’organisme prend sa source dans la loi du 30 septembre 1986. L’esprit de cette loi est « d’assurer le respect de l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion dans les programmes des services de radio et de télévision ». Depuis la fin de l’ORTF et la libéralisation des médias d’informations, des organismes de régulation ont été mis en place, le CSA en était la première ébauche.
Il n’en est pas de même pour les chaînes d’information. Elles doivent se soumettre à un contrôle plus strict des tribunes qu’ils accordent et ce particulièrement en période d’élection et d’éventuelle recomposition politique majeure de l’Assemblée nationale.
Les carences du service public d’information
Le cahier des charges du groupe France Télévision regorge de recommandations destinées à assurer l’égalité de « représentation des courants de pensée ». En ce qui concerne le bloc de l’union de la gauche, le groupe France Télévisions enregistre 52 minutes d’antenne pour le Parti Communiste, 3h47 minutes pour le Parti Socialiste et 4h44 minutes pour le compte de la France Insoumise. En somme, la Nupes et les thèses qu’elle développe a occupé 56% de des programmations quand la majorité présidentielle et les partis de droite se partagent moins de 30% du temps d’antenne.
« L’Autorité tient compte, dans son appréciation du respect du principe d’équité, de la représentativité des candidats, appréciée, en particulier, en fonction des résultats obtenus lors de la dernière élection des députés à l’Assemblée nationale et aux plus récentes élections par les candidats ou par les partis et groupements politiques qui les soutiennent et en fonction des indications de sondages d’opinion », précise l’Arcom dans un communiqué du 22 avril dernier. Surprenante recommandation au regard de la faible représentation des partis de la droite nationale et de l’extrême droite qui ont totalisé presque 42 % des suffrages face à En Marche.
Si la mission du service public est d’assurer une restitution la plus objective et équilibrée du flot incessant de l’information, il est curieux d’observer un tel décalage à deux semaines d’un scrutin décisif. « Le pluralisme soit assuré par la présentation des différentes thèses en présence, en veillant notamment à ce que les parties en cause ou leurs représentants soient mis en mesure de faire connaître leur point de vue ».

CNews, la mosaïque des opinions
Ça se dispute, L’Heure des Pros, Face à l’info ou encore Punchline : une kyrielle de programme d’information concurrencent la domination de BFMTV en assurant des émissions de débats. Ces formats particuliers amènent des personnalités de tous bord à venir croiser le fer sur les plateaux de CNews. Eric Coquerel (LFI), Patrick Kanner (PS), Yannick Jadot (EELV) ou Jean Pierre-Raffarin (LR) participent régulièrement à l’animation de ces formats. Le secteur privé serait donc capable de remplir une mission d’intérêt général.
Sur la période du 2 au 27 mai, CNews a respecté une répartition quasi parfaite des temps de paroles. 4h09 minutes pour la France Insoumise, 3h10 pour le PCF et le PS sont enregistrés. Le parti présidentiel totalise quant à lui 4h30 de présence en plateau alors que le RN et Reconquête atteignent presque 8h de représentation. Il s’agit là d’une cartographie respectueuse de l’échiquier politique, qui plus est fidèle à l’une des recommandations phares de ces élections initiée par le CSA : « Ces temps de paroles doivent être équilibrés afin de refléter la réalité du paysage politique français ».