Géopolitique

Les buts de guerre de Vladimir Poutine

28 février 2022
Vladimir Poutine lors de son allocution du lundi 21 février / Credit photo : Capture d’écran / allocution président russe
Temps de lecture : 3 minutes

Après cinq jours d’offensive russe sur le sol ukrainien, la question des buts de guerre de Vladimir Poutine se pose sérieusement. Souhaite-t-il envahir tout le pays ? Se contentera-t-il seulement du flanc oriental ? Ou veut-il tout simplement intimider l’Ukraine ?

Depuis le 24 février, l’armée russe attaque l’Ukraine et a déjà mis la main sur certains territoires de l’est du pays. Officiellement, Vladimir Poutine entend « démilitariser » et « dénazifier » le pays. Mais d’autres buts de guerre se cachent derrière cette offensive.

Obtenir le départ de Zelensky

Son premier objectif est sans nul doute politique. Par l’action militaire, Vladimir Poutine aimerait se débarrasser de Volodymyr Zelensky, président ukrainien élu en 2019 avec pour objectif d’intégrer l’Union européenne et l’OTAN. Deux lignes rouges infranchissables aux yeux du président russe. Vladimir Poutine a sûrement envisagé que son homologue ukrainien quitte le pays à l’arrivée des chars russes. Mais il n’en est rien. Pour le moment, Volodymyr Zelensky s’improvise en chef de la résistance ukrainienne.

A termes, Vladimir Poutine souhaite sans doute voir élire un gouvernement ami de Moscou, à l’instar de celui de Loukachenko en Biélorussie.

Objectifs territoriaux

Outre cette ambition politique, Vladimir Poutine aurait également des vues sur une partie du territoire ukrainien. Selon certains experts, dont Philippe Fabry, le président russe aimerait mettre la main sur le flanc oriental de l’Ukraine jusqu’au Dniepr – fleuve traversant le pays du Nord au Sud. Ainsi, les Russes auraient sous leur autorité le tiers est du pays comprenant notamment la capitale Kiev. Ceci permettrait à Moscou d’assurer une continuité territoriale entre la Biélorussie et la Crimée, annexée en 2014.

Au-delà du gain territorial, cette offensive permet également à Vladimir Poutine d’étendre son influence sur ce qu’il considère comme le berceau de la Russie : la Rus’ de Kiev, le premier Etat slave, ancêtre de la Russie, de l’Ukraine et de la Biélorussie. Déjà en juillet dernier, dans un texte intitulé Sur l’unité historique des Russes et Ukrainiens, il écrivait : « Les Russes et les Ukrainiens formaient un seul peuple, un tout. » A l’écouter, « la Russie a été dépouillée » et il désire donc restaurer un pan de la grandeur de l’Empire russe.

Pour d’autres, Vladimir Poutine serait pragmatique et chercherait à étendre l’invasion aussi loin que ses moyens le lui permettront.

Intimider les Occidentaux et l’Ukraine

Cependant, un point saillant de l’offensive met en lumière un troisième objectif. En effet, l’armée russe n’emploie pas tout son arsenal pour attaquer l’Ukraine. Les bombardements sont ciblés et il semblerait que les pertes civiles soient de dramatiques dommages collatéraux. D’autre part, la Russie ne chercherait pas à s’emparer des villes mais bien plus à les encercler. Comme le résume, le stratégiste Benoist Bihan dans Le Point, « les Russes ne semblent pas rechercher activement le combat de contact » alors même qu’il dispose d’une supériorité militaire sur l’Ukraine. Cette stratégie a sans nul doute pour objectif de presser les autorités ukrainiennes à accepter les pourparlers et les termes de la négociation.

Autre pression mise sur l’Ukraine et les Occidentaux, Vladimir Poutine a annoncé avoir « mis en alerte » sa force de dissuasion nucléaire.

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