Les droites traditionnelles ou les trajectoires paradoxales
9 février 2022
Que l’on suive de près ou de loin les élections présidentielles en approche, on remarque que, depuis la stratégie de François Mitterrand, la droite est divisée par un « cordon sanitaire » en deux camps. Le camp devenu celui des Républicains représenté par Valérie Pécresse et le camp devenu celui du Rassemblement National représenté par Marine Le Pen.
Depuis une quarantaine d’années, en rentrant parfaitement dans le piège tendus par Mitterrand pour diviser la droite de manière pérenne, les deux partis avaient pris l’habitude de se séparer idéologiquement continuellement avec d’un côté les Républicains épousant la gauche et sa bien-pensance et de l’autre le Rassemblement National s’éreintant tant bien que mal de garder ses principes moraux et politiques.
Bien que la stratégie de dédiabolisation menée par Marine Le Pen et ses conseillers depuis une dizaine d’années échappent à peu de gens, et que la réaffirmation d’une droite réelle chez LR s’incarnait déjà avec la présidence du parti par Laurent Wauquiez, il est intéressant d’analyser les trajectoires paradoxales que prennent les deux partis politiques traditionnels de la droite dans cette campagne présidentielle.
Pour illustrer ce propos, il est idoine de regarder avec un certain recul les méthodes de dénonciation qu’empruntent les partis à l’égard d’Éric Zemmour venu essayer de recoller cette droite diviser avec sa dite « union des droites ». Ainsi, des partis comme LR pointent du doigt des prétendues relations qu’Éric Zemmour aurait entretenu avec des islamistes. De son côté, Marine Le Pen dénonce, dans un entretien accordé au Figaro, le parti de Zemmour d’une manière telle que la gauche et la droite modérée l’ont fait à son propre égard. « Je retrouve chez Éric Zemmour toute une série de chapelles qui, dans l’histoire du Front national, sont venues puis reparties remplies de personnages sulfureux. Il y a les catholiques traditionalistes, les païens, et quelques nazis » confiait-elle.
Au-delà de ces manières médiatiques, ces trajectoires paradoxales sont visibles sur un grand nombre de sujets sociétaux comme celui de l’âge de la retraite où Valérie Pécresse veut une réforme des retraites et un âge de départ légal à 65 ans à l’horizon 2030 tandis que Marine Le Pen envisage une retraite à 60 ans.
En réalité, ces trajectoires se dessinent depuis plusieurs années mais sont de plus en plus visibles avec l’apparition parmi les droites d’Éric Zemmour. Depuis sa déclaration de candidature, Marine Le Pen s’assouplit progressivement là où Valérie Pécresse parait devenir plus ferme. Nous assistons ainsi à une véritable course entre les droites traditionnelles où les LR tentent de doubler Zemmour par la droite et le RN par la gauche.
Cependant, tout cela n’est que fiction et reste évidemment une question de sincérité quand on connait la malice et les vices des politiques pratiquant habilement le clientélisme et revendiquant artificiellement les priorités du moment.