« Loi sport »: désaccords au Parlement sur les signes religieux
1 février 2022
Réunis lundi 31 janvier pour discuter autour de la « Loi sport », les députés et sénateurs n’ont ni réussi à s’entendre sur « le port de signes religieux ostensibles » ni sur la parité dans les Fédérations sportives.
L’Assemblée nationale et le Sénat n’ont réussi à se mettre d’accord sur la proposition de loi pour démocratiser le sport. Réunis lundi 31 janvier en commission mixte paritaire (CMP), les parlementaires devaient trouver un compromis. Les sénateurs et députés partagent l’instauration de la parité dans les instances dirigeantes des fédérations, la lutte contre l’homophobie et les violences sexuelles. Mais, la disposition sur le port de signes religieux ostensibles dans les compétitions sportives divise les parlementaires.
Lutter contre l’islamisme dans le sport
Le sénateur Les Républicains (LR), Stéphane Piednoir, à l’origine de cette disposition était l’invité d’Apolline de Malesherbes sur RMC, mardi 1er février. « Cette initiative parlementaire part de plusieurs constats. Le premier constat, c’est que l’islamisme a fait de l’école et du sport des cibles privilégiées d’entrisme. C’est largement documenté, il suffit de consulter des rapports parlementaires. Et tous ces rapports convergent dans ce sens d’un entrisme, d’un séparatisme, d’une volonté de s’emparer des jeunes générations en particulier. On a une technique de prosélytisme par la visibilité qui vise à imposer une norme idéologique de l’islamisme sur les terrains de sport. Alors pourquoi? Parce qu’il y a une exposition populaire et médiatique qui va parfois être très large. Et cette exposition tend à banaliser cette pratique du port du voile » explique-t-il. Ainsi, cette loi doit conforter l’article 50 de la charte Olympique cité par le sénateur : « La règle 50 précise exactement la même chose: ‘Aucune sorte de démonstration de propagande politique, religieuse ou raciale, n’est autorisée sur un lieu ou un site olympique.’”
Plus largement, les sénateurs se fondent sur la loi laïcité à l’école de 2004. Stéphane Piednoir explique : « On a un dispositif qui vise à inclure le maximum, à permettre à toutes les femmes de pratiquer. Parce que quand vous avez sur un terrain de sport une partie d’entre elles qui porte un signe distinctif qui est une marque d’appartenance religieuse, que dit-on des autres qui ne le portent pas? On stigmatise. Donc le plus simple et le plus conforme au respect des valeurs de la République, c’est d’avoir une neutralité y compris sur un terrain de sport comme on l’a imposée il y a plus de 15 ans dans l’école.”
Un amendement contesté
Les parlementaires de la majorité refusent cette proposition qui serait, selon eux, contraire à l’esprit initial de la loi. Dans un tweet, Roxana Maracineanu, ministre déléguée chargée des Sports a déclaré avoir « toute confiance dans les parlementaires pour défendre les avancées importantes de la « loi sport » et en préserver l’esprit. »
Quelques jours avant la commission mixte paritaire, le 27 janvier, l’avocate des « hijabeuses », collectif de sportives militantes pro-voile, Maitre Marion Ogier, avait adressé une lettre ouverte à la ministre afin de manifester son opposition à l’amendement. « Le port du hijab n’excède pas […] les limites sociales du vivre-ensemble et du pacte républicain. Il ne constitue pas un comportement susceptible d’être qualifié de séparatiste. » assurait-elle.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir