Société

Lorsque la censure fait rage sur YouTube

18 mars 2022
Crédits photo : Capture d’écran / Livre Noir Youtube
Temps de lecture : 5 minutes

Le soir du 17 mars, en pleine diffusion en direct, Livre Noir a été censuré par Youtube. Trop politiquement incorrect ? Pas assez woke ? Dénoncer des réalités et exposer objectivement des faits est puni par les grands censeurs que sont devenus les GAFAM.

Autrefois grand espace de liberté, YouTube s’est peu à peu enfermé dans une sorte de pudibonderie woke bon teint. Alors que nous diffusions en direct le troisième épisode de notre grande enquête sur le grand remplacement, la plateforme de Google a bloqué l’accès à la vidéo. Dans le même temps, un entretien du vidéaste Papacito, déjà censuré pour évocation du Covid-19, était lui aussi bloqué par YouTube. La politique de la plateforme étant sévère, deux vidéos signalées valent un blocage d’une semaine de la chaîne Livre Noir. Ainsi, YouTube nous prive de faire notre métier : vous informer.

La manœuvre n’est pourtant pas nouvelle et n’est pas prête de s’arrêter. D’autres que Livre Noir ont déjà eu à faire aux restrictions toujours plus corsetantes des GAFAM. Que l’on soit grand spécialiste ou simple pékin, tout le monde y passe. Pas de liberté, certes, mais, l’égalité pour sûr.

Le traitement de la guerre en Ukraine

Depuis le début de la guerre en Ukraine, une guerre de l’information fait rage. L’Occident reprenant à son compte l’entièreté du récit ukrainien, des mesures ont été prises pour restreindre la parole de ceux qui furent désignés comme « pro-russes » ou proches du Kremlin. Ainsi, l’Union européenne prit une décision éclair ayant pour seul but d’interdire la diffusion des médias Russia Today et Sputnik News. La raison est simple, peut-être trop même. Financés par la Russie, ils reprendraient ni plus ni moins le discours du Kremlin. Sans autre forme de procès, les deux sites d’informations furent bannis d’Europe, et par conséquent de YouTube.

Au lendemain du 27 février dernier, date d’interdiction officielle des médias russes en Europe, le géant du numérique indique sur Twitter : « Aujourd’hui, nous avons commencé à bloquer les chaînes de RT et Sputnik dans toute l’Europe ». Rien de très étonnant, la plateforme suit simplement les directions imposées par l’Union européenne. En revanche, la suite est bien plus surprenante : « Depuis que la Russie a lancé son invasion de l’Ukraine, nous nous sommes attelés à supprimer du contenu abusif et à fournir au public des nouvelles et des informations fiables. Nous avons suspendu la monétisation et considérablement limité les recommandations pour les chaînes médiatiques russes financées par l’État. Nous l’avons fait dans le monde entier et pour une durée indéterminée. Lorsque les internautes recherchent des sujets sur la Russie et l’Ukraine, nos systèmes mettent en avant des contenus d’actualité faisant autorité et continueront de le faire si besoin ». Une question se pose alors. Qui décide chez YouTube qu’une parole et plus reconnue qu’une autre ? Là-dessus aucune réponse. L’algorithme se charge de tout, le système est opaque. En conclusion, l’entreprise ajoute : « Nous affichons également des panneaux d’information sous les vidéos d’éditeurs de presse financés par des gouvernements. Des vidéos de RT et d’autres chaînes de médias d’État russes ont commencé à montrer cette étiquette dès 2018, indiquant que chacune de ces chaînes est ‘financée en tout ou en partie par le gouvernement russe' ». Un fichage qui n’est pas nouveau. YouTube se pose donc en censeur purement arbitraire qui détermine le taux de fiabilité d’un contenu par rapport à l’autre.

Peut-on parler de la pandémie de Covid-19 ?

La guerre en Ukraine est un épisode récent de cette censure qui fait rage sur la plateforme vidéo de Google, mais il ne faut pas négliger toute la politique qui est encore menée contre ceux qui oseraient évoquer la pandémie ou la crise sanitaire sans avoir une « parole d’autorité ». En effet, YouTube bannit systématiquement les contenus contredisant « des autorités sanitaires locales ou de l’Organisation mondiale de la santé ». À Libération, le département français de l’entreprise déclare : «C’est sur cette base que nous supprimons les contenus qui enfreignent nos règlements». Pour connaître la nature des propos écartés de la plateforme, il faut se référer aux dispositions prisent en septembre 2021. Dans un communiqué, YouTube annonçait que « les contenus qui prétendent faussement que les vaccins approuvés sont dangereux et provoquent des effets chroniques sur la santé, qui affirment que les vaccins ne réduisent pas la transmission des maladies ou le fait de contracter des maladies ou qui contiennent des informations erronées sur les substances contenues dans les vaccins seront supprimés », et que les vidéos affirmant à tort que les vaccins provoquent « l’autisme le cancer ou l’infertilité » seront également bannies. Une mesure faites sur-mesure contre ceux que l’on appelle – souvent à tort – les antivax, qui sont en fait bien souvent des septiques du vaccin contre le Covid-19.

Cependant, il n’est pas rare que des vidéos traitant du sujet soient supprimées, alors même que celles-ci respectent les normes imposées par YouTube. Certaines chaînes de jeux vidéo telles que « Spawn Wave » ou « Nintendo Prime », en mentionnant le terme coronavirus, avaient été démonétisées, alors même qu’aucun avis sur la crise sanitaire n’y était exprimé. En mars 2020, Tom Leung, directeur de la gestion des produits chez YouTube, reconnaissait que la pandémie était devenu un sujet sensible. « En tant que tel, toutes les vidéos centrées sur ce sujet seront démonétisées jusqu’à nouvel ordre » déclarait-il. Une politique dont a été victime notre entretien avec Papacito, d’une durée de trois heures et trente minutes, cumulant plus d’un millions de vues avait été supprimé de la plateforme pour non-respect des mesures en vigueur au sujet du Covid, en décembre dernier. Les propos incriminés ? Papacito traité de « maladie de merde » le Covid-19. Une absurdité d’autant plus frustrante que la vidéo respectait absolument toutes les dispositions de la plateforme.

    Avec tout mon soutien, et désolé de ne pouvoir vous soutenir financièrement.

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