Mali : 300 civils massacrés par les forces armées maliennes
6 avril 2022
Human Rights Watch (HRW) rapporte le massacre, entre le 27 et le 31 mars, d’au moins 300 personnes dans la localité de Moura, au centre du Mali, lieu au cœur des tensions entre le pouvoir central et les terroristes.
L’organisation non-gouvernementale, Human Rights Watch dénonce, dans un rapport, les exécutions sommaires de 300 civils maliens dans la commune de Moura, centre du Mali. Passé sous contrôle d’une unité combattante islamiste affiliée au « groupe soutien de l’islam et aux musulmans« , organisation terroriste, en 2012, le village est au cœur des tensions entre l’armée malienne et les islamistes depuis dix ans. Selon Le Monde, « la localité est réputée pour la qualité de son marché à bestiaux. En ce dernier week-end avant le début du ramadan, les habitants des villages environnants se pressent, nombreux, pour acheter des moutons. Parmi la foule, des hommes armés circulent à la vue de tous. Moura est située dans une zone boisée et inondée difficile d’accès » ce qui en fait lieu de cachette idéal pour les terroristes, et difficilement prenable pour l’armée régulière.
Un siège de cinq jours
Décidant de lancer l’assaut le 27 mars, jour de foire, les troupes maliennes, coordonnées aux mercenaires russes de Wagner assiègent la ville de 10.000 habitants. Un témoin raconte à Libération : « Deux hélicoptères ont atterri dans le champ et la cour de ma maison à l’extérieur du village. Des blancs en sont sortis, ont pris place sur mon toit et ont ouvert le feu sur des hommes qui couraient ». Un autre raconte qu’« une soixantaine au maximum » de djihadistes étaient présents à Moura dans la journée 27 mars, davantage qu’à l’accoutumée. Levée le 31 mars, l’attaque aurait fait 300 morts selon plusieurs sources. Les djihadistes se dissimulant dans la foule, les soldats maliens et les membres de la milice Wagner auraient tiré à vue, en ciblant la foule.
L’enquête de Human Rights Watch
Le communiqué de l’ONG est formel : « Les forces armées maliennes et les soldats étrangers associés auraient sommairement exécuté environ 300 hommes civils ». Selon Corinne Dufka, directrice du Sahel à Human Rights Watch, « le gouvernement malien est responsable de cette atrocité, la pire au Mali depuis une décennie, qu’elle soit perpétrée par les forces maliennes ou des soldats étrangers associés ». L’ONG considère en effet que « l’incident est la pire atrocité signalée dans le conflit armé qui a duré une décennie au Mali ».
De son côté, le gouvernement malien l’assure : [Le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaires] « restent une priorité dans la conduite des opérations », et enjoint la population à ne pas adhérer aux « spéculations diffamatoires » à l’encontre de l’armée.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir