Marine Le Pen, bousculée en Guadeloupe, joue la carte outre-mer
28 mars 2022
Alors que ses concurrents enchainent les meetings en France, Marine Le Pen a décidé de s’envoler pour la Guadeloupe, son deuxième déplacement en outre-mer depuis le début de sa campagne. Mais la candidate a dû faire face à quelques difficultés.
La Guadeloupe, comme l’ensemble des collectivités et territoires d’outre-mer, représente un point stratégique pour le Rassemblement National (RN). En Guadeloupe, la liste menée par Jordan Bardella était arrivée en tête des votes lors des élections européennes de 2019.
Un déplacement attendu depuis longtemps
Cela fait plusieurs années que Marine Le Pen souhaitait se rendre aux Antilles, mais le déplacement n’avait pas pu se faire. Après avoir repoussé les propositions de meetings et de déplacements en métropole, la candidate du RN a décidé de faire un aller-retour express en Guadeloupe. Éric Zemmour, de son côté, devait d’ailleurs initialement se rendre en Outre-mer mais, avait dû annuler son déplacement à cause d’un manque de parrainages avant le dépôt officiel. Marine Le Pen pouvait compter sur la présence de Jordan Bardella.
Arrivée samedi 26 mars à Pointe-à-Pitre, la candidate a pu profité d’un accueil chaleureux de ses soutiens locaux. Mais le reste du déplacement ne sera pas de tout repos pour les équipes du RN. La candidate n’a pas hésité a communiquer sur le rassemblement de militants à l’aéroport.
Cette escapade inédite en Guadeloupe s’inscrit dans la stratégie de dédiabolisation voulue par Marine Le Pen depuis plusieurs années. Profitant de la candidature d’Eric Zemmour, Marine Le Pen a pu recentrer son discours et paraitre moins à droite que son père ou que son concurrent de Reconquête. Une aubaine pour celle qui depuis plusieurs années revendique d’être « ni de droite, ni de gauche. »
Une première agression à son hôtel
Dès son arrivée à l’hôtel, Marine Le Pen a effectué un entretien avec France 3. Rapidement, le dispositif de sécurité mis en place ne s’est pas révélé à la hauteur de sa venue. Une quarantaine de militants de l’Union populaire pour la libération de la Guadeloupe et l’Alliance nationale Guadeloupe se sont infiltrés dans l’hôtel pendant l’enregistrement de l’entretien. Des insultes et des jets de bouteille d’eau ont fusé sur la candidate. Selon Le Figaro, présent sur place, un membre de la sécurité rapprochée de la candidate a affirmé : « C’était chaud. Ça aurait vraiment pu déraper ».
Marine Le Pen a dû être exfiltrée jusque dans sa chambre. Laurence Maquiaba, porte-parole de l’Alliance nationale Guadeloupe, a déclaré par la suite : « Marine Le Pen estime que l’histoire de l’esclavage, l’histoire de la colonisation, est anecdotique. Il faut qu’elle ait peur comme avant de venir pointer en Guadeloupe. Elle n’est pas légitime à venir parler ici. L’inégalité des races, la supériorité de l’homme blanc sur les Noirs, nous ne voulons pas de ça en Guadeloupe. Elle est exactement comme son père ». Cela souligne bien que pour certains la tentative de dédiabolisation du parti n’est pas suffisante.
Un dimanche compliqué
Le lendemain Marine Le Pen s’est rendue au marché de Sainte-Anne. Elle a pu y rencontrer des militants du RN et de futurs électeurs. Mais, là encore, le déplacement a entrainé des heurts. La candidate du RN a ainsi été accueillie par des insultes.
Le service de sécurité était en alerte du fait des événements de la veille. Marine Le Pen a alors déclaré « On va aller jusqu’au bout! Je ne suis pas une Le Pen pour rien. » De son côté, le président de la République Emmanuel Macron a réagi aux violences envers la candidate. Pour lui, il s’agit là d’une « scène totalement inacceptable. »
Marine Le Pen a profité de ce déplacement pour critiquer le gouvernement et notamment Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur. « S’il faisait son travail plutôt que de faire campagne contre moi, ça n’arriverait pas ». Toutefois, la candidate a surtout souligné, sur les réseaux sociaux, que le déplacement fut un succès sans mettre en avant la plupart des heurts pendant le déplacement.
