Politique

Marine Le Pen renonce à la suppression de la binationalité

21 janvier 2022
Marine Le Pen en déplacement dans la baie de Saint-Brieuc, janvier 2022. Crédits photo : Laurie de Reynal / Livre Noir
Temps de lecture : 3 minutes

Marine Le Pen a décidé de renoncer à la suppression de la double nationalité. Un nouveau revirement pour tenter de lisser l’image de son parti.

Mesure phare du Rassemblement national (RN) pendant de nombreuses années, la suppression de la double nationalité pour les citoyens français disposant également d’une nationalité extra-européenne ne fait désormais plus partie du programme du parti à la flamme. Marine Le Pen confiait à nos confrères de Libération, en marge d’un déplacement dans le Var jeudi 20 janvier, avoir « évolué sur la binationalité ».

Une décision prise seule

La candidate du RN aurait ainsi récemment pris conscience des difficultés pour certains citoyens français de choisir entre deux citoyennetés. Notamment pour les Marocains qui ne peuvent juridiquement pas abandonner leur autre nationalité. Selon Libération, Marine Le Pen ne voudrait donc pas « mettre du sel sur des plaies ouvertes ».

Ainsi, au mois de septembre dernier, Marine Le Pen réfléchit à l’organisation d’un référendum sur la question migratoire, si elle est élue le 24 avril 2022. C’est alors qu’elle décide de ne plus exiger que les multinationaux aient à choisir entre leurs différentes nationalités, sauf dans l’exercice de certains fonctions régaliennes et gouvernementales. Mais à en croire certains médias, certains élus du parti frontiste auraient découvert ce changement de cap en lisant un article du Monde.

Si cette mesure peut surprendre, les proches de Marine Le Pen rappellent que cela fait plusieurs mois que le parti souhaitait renoncer à cette mesure. En effet, selon eux, « la double nationalité permet de faciliter les expulsions et les déchéances de nationalité » , chose qui serait tout à fait impossible si les individus se retrouvaient apatrides. Pour eux, proposer la suppression de la double nationalité serait surtout un argument démagogique, sans véritable portée politique.

Cette mesure figurait pourtant en bonne place dans ses programmes de 2012 et 2017. En 2016, dans les pages de Valeurs actuelles, elle affirmait haut et fort être « une adversaire résolue du droit du sol ». Et d’ajouter : « C’est l’une des premières choses que je modifierai dans le code de la nationalité, avec la suppression de la double nationalité ». Chose dite, chose promise. On retrouvait dans ses 144 engagements la volonté de « supprimer la double nationalité extra-européenne » écrite noir sur blanc.

Désistements au sein du RN

Il ne s’agit pas du premier revirement dans le programme du RN. Déjà sur la question européenne, la candidate du RN a décidé de ne plus parler de « Frexit », de sortie de l’Union européenne ou de la zone euro. Ce changement de bord sur la question de la binationalité vient donc s’ajouter à la longue liste des revirements du camp frontiste.

Mais ces multiples changements de ligne commencent à en lasser certains au sein de son parti. Jérôme Rivière, ancien chef de file des élus RN au Parlement européen, et Damien Rieu, ex-attaché parlementaire du beau-frère de Marine Le Pen, ont décidé de claquer la porte du parti pour rejoindre la campagne d’Éric Zemmour. Pour eux, « l’avenir de la droite » et de la France se fera grâce au candidat de Reconquête.

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