Media Crash, le documentaire contre Bolloré pour « peser dans le débat public »
17 février 2022
Sorti en salles le mercredi 16 février, le documentaire Media Crash - Qui a tué le débat public ? produit par Mediapart et Premières lignes dénonce le manque de pluralisme dans les médias, jamais assez à gauche, et l'extrême-droitisation du débat. Reportage.
16h, la lumière se tamise sur la salle aux 250 sièges. Peu de monde. Seules 35 personnes sont présentes pour visionner l'une des premières projections de Media Crash. Parmi elles, de nombreuses têtes blanches, quelques cheveux bleus, ajouté à cela la couleur rouge des fauteuils et vous obtenez le drapeau tricolore. Quelle douce ironie... Le documentaire, censé démontrer l'affreuse mainmise des grands patrons s'avère être un prétexte. C'est Vincent Bolloré qui est dans le viseur. Sur les 90 minutes de programme, près de 40 minutes sont consacrées au milliardaire breton. Du rachat d'I-Télé, aux négociations avec le groupe Lagardère en passant par les affaires africaines du groupe Bolloré, tout est décrypté et dénoncé.
Le groupe Canal, fer de lance de l'extrême-droite
L'affiche est claire, la question est posée d'emblée : Qui a tué le débat public ? À cette question, la réponse des réalisateurs semble simple et évidente : Vincent Bolloré. Le milliardaire avancerait ses pions pour faire triompher les "paroles d'extrême-droite" selon l'un des chercheurs interrogés. La chaîne C8 est particulièrement attaquée. S'appuyant sur les travaux de Claire Sécail, historienne des médias au CNRS, le documentaire partage les mêmes constats que la chargée de recherche. L'émission Touche pas à mon poste de Cyril Hanouna serait un moyen de "normaliser des idées extrêmes", avec une majorité du temps d'antenne consacré "au candidat d'extrême-droite Éric Zemmour." Or, s'il y a bien une émission où les soutiens de Reconquête sont reçus sans complaisance c'est celle-ci. Bien souvent, les chroniqueurs autour de la table étrillent l'invité, venu aborder les projets de son candidat, plutôt que le féliciter.
"Nos sénateurs ont manqué de pugnacité" accuse le réalisateur
Plus largement, les deux journalistes, réalisateurs du documentaire, Valentine Oberti, ancienne de Quotidien et Luc Hermann de Premières Lignes s'interrogent sur la concentration des médias français dans la main de huit milliardaires. Récemment, une commission d'enquête sénatoriale avait été diligentée par le sénateur socialiste David Assouline. Obnubilé par le libre ton de CNEWS, le rapporteur y avait vu un prétexte pour attaquer la chaîne qui ne s'inscrit pas dans le politiquement correct. "Une personnalité auditionnée" lors de cette commission, a rapporté au Figaro : "Ce n'était pas la peine de déplacer le ban et l'arrière-ban pour une commission anti-Bolloré instrumentalisée par le parti socialiste." Cependant, le milliardaire reconnaît lui-même avoir un "intérêt moins politique qu'économique." Les scores d'audiences de CNEWS sont la conséquence d'une forte demande face à la bien-pensance et à la tiédeur des autres plateaux. Demande que l'homme d'affaire vient combler. Simple loi du marché.
Lors d'un débat, proposé après la séance,
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