Michel Onfray estime que Marine Le Pen « a beaucoup changé »
19 avril 2022
Michel Onfray était l’invité d’Apolline de Malherbe, ce matin du mardi 19 avril, pour évoquer les enjeux de la présidentielle et délivrer son analyse du jeu politique actuel.
Michel Onfray résiste contre vents et marées. Le philosophe normand s’oppose à faire barrage à Marine Le Pen. Face à Apolline de Malherbe et en simultané sur RMC et BFMTV, le fondateur de la revue Front populaire considère que les deux candidats représentent la même chose. C’est « un duel entre Maastrichtiens » note-t-il, avant d’insister : « Les étudiants à la Sorbonne disent des choses intéressantes quand ils disent que c’est un peu la même chose [Emmanuel Macron face à Marine Le Pen, ndlr] ». Le philosophe assume pleinement de ne pas prendre part au vote depuis des années : « Je fais partie du quart des Français qui n’a pas voté car j’estime que les dés sont pipés. On fait semblant de nous dire d’aller voter, alors que l’on a pas véritablement le choix ». L’auteur de plus d’une centaine d’ouvrages déplore que les deux candidats fassent uniquement de la récupération de voix depuis la fin du premier tour : « Je pense que ce personnage [Emmanuel Macron] est prêt à tout pour aller chercher des voix chez Jean-Luc Mélenchon, il a fait exactement la même chose avec les écologistes. Marine Le Pen fait très exactement la même chose avec d’autres électeurs, notamment ceux de Valérie Pécresse ».
« Je trouve étonnant que l’on puisse faire porter les péchés du père sur la fille »
Si Michel Onfray juge sévèrement le quinquennat d’Emmanuel Macron, celui-ci se refuse à condamner d’avance Marine Le Pen. « Elle [Marine Le Pen] a beaucoup changé » déclare-t-il, tout en poursuivant: « Je trouve étonnant que l’on puisse faire porter les péchés du père sur la fille. Personne n’estime, par exemple, que Fabien Roussel soit coupable de faire partie du PCF qui a défendu le pacte germano-soviétique pendant deux ans, c’est-à-dire, qui a collaboré. C’est du passé. Plus personne ne croit que les socialistes veulent en finir avec le capitalisme comme Mitterrand le disait en 1974. Personne ne croit que Les Républicains soient Gaullistes, c’est fini, ils ont bradé la souveraineté nationale ».
Le philosophe considère qu’un opprobre est jeté sur Marine Le Pen à cause de son nom. « Je pense qu’il y a une espèce d’extraterritorialité, tous les partis politiques ont changé, sauf celui de Marine Le Pen. Marine Le Pen a tout de même dit que la Shoah était la plus grande catastrophe du XXe siècle, ce n’est tout de même pas la même chose que le père qui parlait de ‘Durafour crématoire’, du détail ou de la fournée en parlant de Patrick Bruel ». Jean Castex assurait, au même moment, dans la matinée de France Inter : « Le pire est toujours possible et Madame Le Pen qui se présente sous les atours d’une bonne mère de famille reste une Le Pen ». Les accusations « ad lepenum » se poursuivent, mais, l’électorat potentiel de la candidate du Rassemblement national ne semble pas affecté par les attaques répétées des macronistes à la veille du débat de second tour.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir