Mise en scène et mauvais traitement : en Ukraine, le sort des prisonniers inquiète
15 mars 2022
Le conflit russo-ukrainien est sous le feu des projecteurs médiatiques depuis le 24 février. Alors que l’Occident semble prendre fait et cause pour le gouvernement de Zelensky, quelques voix s’élèvent pour appeler à la prudence. Le non-respect des Conventions de Genève côté ukrainien pourrait être avéré. Décryptage.
« J’ai été confrontée à une scène surréaliste. J’ai été appelée une heure avant pour une conférence de presse tenue par les services secrets ukrainiens avec dix prisonniers de guerre russes, capturés, puants, les larmes aux yeux, préparés pour un petit briefing » raconte Daphné Rousseau, reporter pour l’AFP, sur le plateau de C Politique (France 5). Après trois semaines passées en Ukraine, elle précise, encore déstabilisée : « C’est totalement interdit par la convention de Genève.»
Son récit est loin d’être isolé. Dans un communiqué de presse daté du 7 mars 2022, Amnesty International corrobore les propos de la journaliste. « Ces derniers jours, les autorités ukrainiennes ont amené des prisonniers de guerre russes à des conférences de presse afin d’évoquer leur rôle dans l’invasion militaire » indique l’ONG qui lutte pour le respect des droits de l’homme. Une stratégie ukrainienne qui, selon l’association, enfreint les Conventions de Genève, signées en 1949, dont l’article 13 dispose : « les prisonniers de guerre doivent être protégés en tout temps notamment contre […] la curiosité publique ».
Accusations de sévices et tortures depuis 2014
Ce n’est pas la première fois que les autorités ukrainiennes se retrouvent sous le feu des critiques pour son non-respect des conventions internationales. Depuis 2014 et l’annexion de la Crimée par la Russie, les combats n’ont jamais cessé dans l’Est de l’Ukraine. Et aux combats se sont ajoutés des arrestations arbitraires, des mauvais traitements de prisonniers et des allégations de tortures, et ce, des deux côtés.
Ainsi, dès le 7 septembre 2014 – soit à peine six mois après le début de la guerre du Donbass - Amnesty International alerte déjà sur des « crimes de guerre » en Ukraine. Un rapport de l’ONG,
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