Molière : quatre siècles de génie
17 février 2022
Il y a près de 400 ans naissait le plus indémodable de nos classiques. Retour sur les quatre siècles de génie de ce monument qui fait la gloire et le prestige de notre douce France : qu’aurait à nous dire Molière aujourd'hui ?
Spectacle saisissant dans l’obscurité d’une salle au lever du rideau : l’albâtre et le carmin s’embrassent dans les rangs. C’est un constat lucide : la jeunesse boude le théâtre, ou du moins, ses classiques. Il y a pourtant dans ces livres immortels quelque chose qui transcende les époques ; comme si ce que l’on devait retenir de nos auteurs ne tenait pas tant du témoignage historique ni de l’art de manier les mots, mais de cette peinture dans laquelle le lecteur se contemple. « Le roman est un miroir qui se promène sur une grande route. Tantôt il reflète à vos yeux l'azur des cieux, tantôt la fange des bourbiers de la route ». Le bon mot de Stendhal dans Le Rouge et le Noir ne lèse pas les arts de la scène : quatre siècles plus tard, les écrits de Molière relèvent encore de la même actualité.
Molière éternel
De Molière, on ne sait que peu de choses. Nulle archive, correspondance ou mémoire qui éclaire sur ce que fut l’auteur de Tartuffe et des Femmes savantes : l’homme de lettres n’en laissa point. Le silence, lui, laisse la part belle aux anecdotes qui relèvent moins de l’histoire que de la légende. Jean-Baptiste Poquelin est le fils d’un maître tapissier au commerce florissant dont la charge doit lui revenir comme l’usage le veut à l’époque. Aîné d’une fratrie de six enfants, il est baptisé le 15 janvier 1622 en l’église Saint-Eustache de Paris. Ce n’est pas par zèle catholique que la mémoire collective le célèbre ces jours-ci, mais bien parce que sa date de naissance nous est demeurée inconnue. Hormis les quelques témoignages tardifs et souvent contradictoires, on ne sait presque rien de son enfance près des Halles dans la maison cossue de la rue Saint-Honoré, si ce n’est qu’il se retrouve orphelin de mère à tout juste dix ans. Envoyé faire ses humanités chez les Jésuites du collège de Clermont, devenu depuis l’institution Louis-le-Grand, il étudie Térence et Lucrèce dont les écrits forment son esprit et façonnent déjà les prémices de sa vocation d’écrivain.
En 1643, le comédien fonde avec
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