Pologne : l’UE « ne financera pas les barbelés et les murs »
26 janvier 2022
Le Parlement polonais a validé la construction d’un mur sur l’ensemble de sa frontière avec la Biélorussie, vendredi 21 janvier. Débuté le mardi 25 janvier, l’édifice devrait atteindre une longueur de 186 km, pour un coût total de 353 millions d’euros. Un projet que la Commission européenne refuse de financer.
Le ton est donné. L’Union européenne ne versera pas un centime à la Pologne pour la soutenir dans sa lutte contre une immigration de masse pilotée par la Biélorussie. « Si les États membres ont envie de construire des clôtures, ils peuvent le faire, mais la Commission a depuis longtemps pris la décision de ne pas financer de murs ou de barbelés » a indiqué, mardi 25 janvier, la commissaire aux affaires intérieures Ylva Johansson.
« Les refoulements de migrants n’ont pas leur place » en Europe
La construction du mur, majoritairement soutenue par les Polonais, rencontre des résistances. Bien que l’Union européenne ait condamné les agissement de la Biélorussie, Bruxelles refuse encore l’édification de mur à ses frontières extérieures. Au cours d’une conférence, vendredi 21 janvier, 16 pays européens ont malgré tout demandé un « soutien financier adéquat » pour les constructions « d’infrastructures physiques » – comprenez des murs et des barbelés.
Loin de répondre aux sollicitations des pays concernés, Yvla Johansson, commissaire aux affaires intérieurs de l’UE a rappelé à la Lituanie et à la Pologne que « les refoulements de migrants n’ont pas leur place dans le système juridique de l’Union européenne ». Ainsi hormis Frontex, l’Union européenne ne cautionne aucun autre système de régulation des flux migratoires à ses frontières.
Des tensions exacerbées par la Biélorussie
Aux crispations avec l’Union européenne, s’ajoutent des tensions avec la Biélorussie. Le président biélorusse, Alexandre Loukachenko, dénonce les agissements de la Pologne qui réserverait un traitement inhumain aux migrants. De leur côté, la Pologne et les pays européens accusent le régime biélorusse d’encourager, voire d’instrumentaliser cette énième crise migratoire. En novembre, la Pologne mobilisait 15 000 militaires à ses frontières communes avec la Biélorussie pour empêcher l’afflux de migrants. Selon les associations humanitaires, des dizaines de migrants seraient morts depuis octobre dernier.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir