Présidentielle : Taubira divise plus que jamais les voix de gauche
20 janvier 2022
Dans un récent sondage OpinionWay – Kéa Partners pour le journal Les Échos, Christiane Taubira, fraîchement candidate, divise plus les voix de gauche qu’elle ne les rassemble. Prenant respectivement 1 point à Anne Hidalgo et à Yannick Jadot, l’ancienne Garde des Sceaux est créditée de 4% des voix.
Énième division à gauche. Sous couvert de vouloir rassembler, Christiane Taubira provoque la dispersion des voix au sein d’un électorat de gauche déjà bien divisé. Le baromètre quotidien OpinionWays – Kéa Partners pour Les Échos et Radio Classique révèle pour la première fois le nombre de voix que pourrait recueillir l’ancienne ministre. Réunissant 4% d’intentions de vote, elle réussit à faire baisser de 1 point Anne Hidalgo, candidate investie par le Parti socialiste, qui bascule à 3%. De même pour le candidat d’Europe Écologie les Verts, Yannick Jadot qui perd 1 point et tombe à 5%.
En revanche, la candidate de l’Union de la gauche n’a aucun impact sur les scores de Jean-Luc Mélenchon (qui reste à 10%, selon le baromètre), ou de Fabien Roussel (candidat PCF, crédité de 3% des intentions de vote). Arnaud Montebourg, candidat malheureux à gauche, stagnant à 1%, a annoncé, sur les réseaux sociaux, retirer sa candidature, estimant « ne pas avoir réussi à unir dans un programme commun ».
Candidate de la désunion
26%, c’est l’ensemble des voix de gauche tout candidat confondu annoncé par le baromètre. La maire de Paris, Anne Hidalgo, forte de ses 3% d’intentions de vote déclarait au JDD, dimanche 16 janvier, que la candidature Taubira « va encore séparer, diviser et créer de la confusion ». Candidate de la Primaire populaire, qui se tiendra le 27 janvier 2022, Christiane Taubira « veut incarner un chemin pour le rassemblement qui se hisse au-dessus des partis, au-dessus des querelles partisanes » selon les mots de Guillaume Lacroix, président du Parti radical de Gauche, dans une interview à FranceInfo.
Favorite de la Primaire populaire
L’ancienne Garde des Sceaux de François Hollande est placée en tête des intentions de vote pour la Primaire populaire. Initiative d’un certain nombre de militants de gauche, sept candidats (avec leur accord ou non) sont en lice. Parmi ceux qui ne souhaitent pas participer, on ne compte pas moins que Jean-Luc Mélenchon – qui déclarait dimanche dernier, lors d’un meeting à Nantes : « ce n’est pas d’une union dont on a besoin, c’est de clarté et de mobilisation populaire » -, Yannick Jadot et Anne Hidalgo. Seule Christiane Taubira souhaite se « plier au verdict » de cette primaire. Mieux placée pour l’emporter, celle-ci compte bien appuyer sa légitimité sur les résultats de la primaire populaire.
Une redite de 2002 ?
Christiane Taubira n’est pas candidate à l’élection présidentielle pour la première fois. En 2002, déjà, celle-ci était accusée de faire perdre Lionel Jospin et d’avoir permis à Jean-Marie Le Pen d’accéder au second tour en affaiblissant les voix de la gauche. Réunissant à l’époque 2,32% des voix, sa candidature était vécue comme un « OVNI politique » selon les mots de l’historien Christophe Prochasson. 20 ans plus tard, elle semble porter les mêmes fruits. Le Parti socialiste, en bien plus mauvaise posture qu’en 2002, risque cette fois-ci de ne même pas obtenir les remboursements de ses frais de campagne (obtenus au-dessus de 5% des voix). Taubira est décidément la candidate du parricide plutôt que celle de l’union des gauches.

Julien Tellier
Journaliste pour Livre Noir