Géopolitique

Sommet de Kiev: Les pourparlers placés sous le signe de l’urgence

16 juin 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Alors que les bombardements s’abattent incessamment sur le pays, cinq chefs d’états européens ont traversé les terres de l’Est pour s’entretenir avec le président Ukrainien. Une myriade de sujets sont à l’ordre du jour : Acheminement du matériel de guerre, crise du blé et discussion autour d’une sortie diplomatique au premier chef.

Une poignée de main franche et des sourires crispés par la situation délétère à laquelle l’Ukraine est confrontée depuis le mois de février ont inauguré cette rencontre. Alors que la relation entre le président Français et Ukrainien est empreinte d’une certaine tension, les propos d’Emmanuel Macron n’ont fait qu’entretenir cette défiance : « Il ne faut pas humilier la Russie pour que le jour où les combats cesseront, nous puissions prendre le chemin diplomatique ». Une posture assumée par le chef de l’Etat qui s’inscrit dans le courant réaliste des relations internationale.

Une aide militaire titanesque

Alors qu’une assistance supplémentaire d’un milliard de dollars a été décidée par le Congrès américain la nuit dernière, Volodimir Zelensky a tenu à exprimer sa « gratitude » envers l’administration Biden. Le soutien dans l’effort de guerre est, depuis le mois de février dernier, considérable. Les Etats Unis ont livré près de 200 000 obus au ministère de la défense Ukrainien. A cela, s’ajoutent des pièces d’artilleries lourdes, des missiles sols-mer (M270 MLRS) et sols-air (les fameux Javelins).

La France, de son côté, a pris en charge la livraison d’une douzaine de canons Caesar pour faire face au rouleau compresseur russe. Ce soutien a été réaffirmé par le président Macron dans son adresse aux chasseurs alpins cantonnés à la frontière roumaine : « L’Europe de la Défense se construit ici ». De façon plus marginale, des canons mobiles polonais et allemand « Krab » et «PzH » ont été placés sur la ligne de front pour contrecarrer les velléités russes.

Néanmoins, le ministère des armées ukrainien déplore dans un communiqué de presse que ses forces d’actives n’aient reçu qu’ « environ 10% des armes » escomptées. Une critique acerbe de la prouesse logistique européenne qui ne risque pas d’apaiser les liens diplomatiques de plus en plus tendus avec Kiev. Au total, l’armée d’or et d’azur a bénéficié d’un approvisionnement incommensurable : 1000 obusiers calibre 155 mm, 300 lance-roquettes multiples, 500 chars, 2000 véhicules blindés et 1000 drones.

L’intégration complexe de l’Ukraine à l’UE

Un enjeu majeur sous-tend cette rencontre. L’intégration de l’Ukraine à l’Union Européenne reste latent et fait l’objet de crispation de part et d’autre de l’échiquier. Dans une allocution officielle, Emmanuel Macron, savamment conseiller par l’ancien Ministre Jean-Pierre Chevènement, demeurait réticent à une adhésion trop brutale de l’Ukraine.

A cela, le Président Zelensky exprimait son « profond regret ». Pour de nombreux observateurs des dynamiques géopolitiques, l’incorporation du pays dans le giron européen représenterait une provocation supplémentaire pour l’ours russe qui voit depuis des décennies les frontières de l’OTAN se rapprocher inexorablement de ses frontières.

Le péril des émeutes de la faim

La conséquence directe et pernicieuse du conflit repose sur la capacité d’approvisionnement du blé dans le monde entier. Au Maghreb et dans le Machrek, de nombreux états font reposer leur réserves sur le ravitaillement en blé des pays de l’est, véritables granges agricoles.

Les émeutes de la faim qui pourraient survenir dans des pays déjà politiquement instables pourraient précipiter leur chute. En Égypte, en Tunisie et en Lybie, l’inflation des denrées de première nécessité créent l’inquiétude et laisse présager de tensions similaires à celles connues lors des Printemps Arabes.

L’exportation des marchandises est aujourd’hui entravée par l’infranchissable blocus maritime déployé par la marine Russe. En effet, la mer Noire est le théâtre de l’endiguement économique de l’Ukraine dont la majeure partie des recettes dépend du commerce agricole.

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