Une alliance qui ne dit pas son nom entre Pékin et Moscou ?

Malgré les condamnations du monde entier de l’invasion russe de l’Ukraine, la Chine accuse les États-Unis d’alimenter le feu. Alors que Kiev est sous les bombes, Xi Jinping annonce son soutien à la Russie.

Il fallait s’y attendre, la Chine joue aux côtés de la Russie. Le président chinois Xi Jinping vient d’annoncer devant les caméras de CCTV, télévision publique chinoise, qu’il s’était entretenu avec son homologue russe au sujet de la guerre en Ukraine. Xi Jinping annonce que la Chine « soutient la Russie dans la résolution [du conflit, ndlr] par le biais de négociations avec l’Ukraine. » Sans parler de guerre le président chinois évoque « des bouleversements dans l’Est de l’Ukraine. » Ne souhaitant pas s’opposer frontalement à la Russie, Xi Jinping feint un entre-deux diplomatique en indiquant que : « La position fondamentale de la Chine est le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale de tous les pays. »

La Chine partenaire essentiel de la Russie contre les sanctions

Peu après l’invasion de l’Ukraine par les forces russes, les autorités douanières chinoises ont autorisé l’importation en grande quantité de céréales en provenance de la Fédération de Russie. Lu Xiang, chercheur à l’Académie des sciences sociales de Pékin indiquait que « la Chine est prête à aider la Russie à maintenir son économie à flot » contre les sanctions économiques. Lors de sa venue à Pékin, Vladimir Poutine avait pu s’entretenir avec Xi Jinping. L’occasion pour les deux hommes de se rapprocher et de signer une quinzaine d’accords commerciaux concernant, entre autres, l’import de pétrole russe en Chine pour un montant de 104 milliards d’euros.

Lors d’un entretien pour Livre Noir, Philippe Fabry, historien du droit et des idées politiques, nous expliquait que « le couple sino-russe est dans la même dynamique que le couple germano-japonais dans les années 1930. Les deux sont des alliés objectifs opposés aux États-Unis. La Chine est plutôt dans l’attitude du Japon, c’est-à-dire attentiste mais opportuniste, donc prête à saisir toutes les occasions ». Et quel opportunisme ! Dans la foulée de l’avancée des chars russes en Ukraine, neuf avions militaires violaient l’espace aérien de Taïwan après une annonce du porte-parole du Bureau des affaires de Taïwan appartenant au Conseil des Affaires d’État chinois qui indiquait : « Grâce aux efforts conjoints des compatriotes des deux rives du détroit de Taiwan, la réunification nationale de la Chine doit être et sera certainement réalisée. »

La Chine dénonce les États-Unis

Entre la Russie et la Chine existe une réelle alliance objective dans leur rejet de l’OTAN et des États-Unis. Contre l’annonce du président américain Joe Biden, la réponse du ministère des Affaires étrangères chinois fut sans appel. Lors d’une conférence de presse tenue jeudi, la ministre Hua Chunying considère que « depuis un moment, les États-Unis n’ont cessé d’ajouter à la tension et ont incité à la guerre. Ils ont envoyé pour 1,5 milliard de dollars d’armement. » Avant d’ajouter : « Ceux qui, derrière les Américains, attisent le feu, avant d’accuser autrui et de rester impassibles face à l’embrasement, ceux-là ont une attitude irresponsable. »

Selon Adam Ni, rédacteur de Neican, un site d’information sur la Chine, indique que « d’un côté, Pékin souhaite développer ses relations stratégiques avec la Russie ; de l’autre, elle voudrait stabiliser ses relations avec les Etats-Unis et maintenir ses liens avec l’Union européenne. C’est un vrai dilemme. Si les Etats-Unis et les pays membres de l’UE en viennent à considérer Pékin comme complice de l’agression russe contre l’Ukraine, la Chine pourrait en payer le prix fort. »