Une rencontre décevante entre Macron et Poutine

Le président de la République s’est rendu au Kremlin, ce 7 février, pour rencontrer son homologue Vladimir Poutine dans le contexte de la crise ukrainienne. Cependant, ce déplacement risque de n’entrainer aucun changement significatif de la situation géopolitique.

C’était une rencontre attendue entre les deux hommes de pouvoirs. Emmanuel Macron avait même signifié le fait qu’il devait d’abord s’occuper du dossier ukrainien avant de pouvoir annoncer officiellement sa candidature à l’élection présidentielle. Pourtant, après cinq heures de discussion avec le maitre du Kremlin la situation demeure la même, et l’image du président de la République a été abimée par l’accueil de Vladimir Poutine. Le dialogue ayant eu lieu dans la salle dite des représentations, les deux hommes étant assis a chaque extrémité d’une très longue table.

Une volonté de la France de peser dans le dossier

Pourtant la France a une place très importante dans cette crise, en effet elle fait partie du format Normandie. Une configuration diplomatique qui a eu lieu pendant la guerre du Dombass afin de régler le conflit. Les pays du format Normandie sont l’Ukraine, la Russie, l’Allemagne et donc la France. Ainsi le président de la République avait deux objectifs pour sa visite au Kremlin : tout d’abord la volonté de représenter la France comme le pays qui va faire de la médiation entre la Russie et l’Ukraine. Le but étant de se démarquer d’une forme d’hystérie des États-Unis et du Royaume-Uni pour espérer créer un apaisement dans la crise. Le deuxième objectif pour Emmanuel Macron, actuellement à la tête de la présidence de l’Union européenne, est de se donner une stature internationale, comme une forme de légitimité avant l’élection présidentielle.

Une discussion de plusieurs heures

La discussion aura duré cinq heures. Un repas raffiné préparé par les cuisines du Kremlin fut même servi aux deux chefs d’État. Les deux hommes sont restés seuls, sans ministre ni conseiller. Il est possible de retenir une photographie marquante des deux chefs d’État assis chacun à une extrémité de l’immense table, image humiliante pour le chef d’État Français. Malgré cette symbolique la discussion a permis d’aller au fond du sujet et de trouver de possibles solutions. Après la discussion, Emmanuel Macron a affirmé avoir « eu un échange nourri, substantiel. » Une conférence de presse a ensuite été organisée afin de faire un débriefing complet de la discussion entre les deux hommes.

Poutine reste ferme sur la question ukrainienne

Pour Vladimir Poutine l’OTAN et les États-Unis ont méconnu les préoccupations de la Russie sur sa sécurité. Il a notamment rappelé qu’il souhaite surtout « la non-expansion de l’OTAN, le non-déploiement des systèmes de combat sur la frontière russe. » Il a ensuite ajouté « en repositionnant son infrastructure militaire à côté de la frontière russe, l’OTAN se croit capable de nous faire la leçon, où et comment nous devons déployer nos forces, et exiger de nous de ne pas organiser les manœuvres prévues. » Le maitre du Kremlin a souligné « les bonnes propositions du président français » et qu’il « fera tout pour trouver des compromis. » Lors de la conférence de presse Vladimir Poutine s’est montré ferme sur la question de l’adhésion possible de l’Ukraine à l’OTAN qui reste le cœur du problème.

Emmanuel Macron dans une volonté d’apaisement

Le Président de la République française a ensuite pris la parole dans le cadre de la conférence de presse, il a rappelé son souhait d’un apaisement notable et significatif sur le dossier ukrainien. « La sécurité de notre continent pour être maintenue a besoin que nous ne recréions pas les erreurs du passé » a-t-il expliqué. Puis d’ajouter : « Nous avons eu une discussion qui a permis d’enclencher une série de propositions sur lesquelles je crois pouvoir dire qu’il y a des termes de convergence entre la Russie et la France. » Enfin Emmanuel Macron a terminé sur une note d’espoir « Nous devons continuer à avancer, c’est essentiel pour la paix en Europe. Il est nécessaire de parvenir à un règlement. »

Un marathon diplomatique

Cette visite au Kremlin n’est que le début d’un marathon diplomatique puisque Emmanuel Macron doit ensuite se rendre à Kiev pour discuter avec son homologue ukrainien. Malgré cela les États-Unis restent fermes sur le dossier ukrainien. Joe Biden a notamment exprimé son souhait de nouvelles sanctions en cas d’invasion de l’Ukraine par la Russie. Notamment sa volonté de mettre fin au projet du gazoduc NordStream2 qui doit relier la Russie et l’Allemagne. Toutefois le chancelier allemand a rejeté cette possibilité.