Jacques Attali, figure emblématique de la vie politique et intellectuelle française, connu pour ses prises de positions très libérale et pro européennes, en a surpris plus d'un lors de son passage dans l'émission C ce soir, du 20 septembre. Il a critiqué l'idéologie ultralibérale qui, selon lui, a empêché l'Europe de mettre en place une politique industrielle solide, déplorant que l'Europe soit devenue une « passoire » ouverte aux investissements et produits étrangers.
Jacques Attali, l'archétype paroxystique de ce qu'est le libéralisme sans limites, semble avoir tranché radicalement avec ses déclarations antérieures le temps d'une soirée. « Dans l’idéologie européenne, depuis 1958, on a tout fait pour détruire les frontières internes, mais aussi externes. Aujourd’hui, nous sommes une passoire. »
« L'Europe est une passoire aux investissements et aux produits étrangers, et elle ne veut pas se protéger», @jattali, économiste
La suite :
➡️ https://t.co/k80lR8edA2
🎧en podcast https://t.co/iA4QuHC6hH pic.twitter.com/8fvqQYvp7o— C ce soir (@Ccesoir) September 20, 2023
Jacques Attali souverainiste ?
Suite à ses déclarations, les réactions ne se sont pas fait attendre. Olivier Marleix, patron des députés Les Républicains, s'est exclamé : « Quel réveil ! » De son côté, Nicolas Dupont-Aignan, ancien candidat souverainiste à la présidentielle, s'est réjoui de ce changement de perspective. Face aux accusations d’incohérence, Jacques Attali s’est défendu dans un tweet. « Si vous faisiez l'effort de me lire, vous sauriez que j'ai toujours défendu l'idée de frontières externes de l'Europe et d'une politique industrielle commune », a-t-il déclaré sur X (ex-Twitter).
Et pourtant, si vous faisiez l’effort de me lire, vous sauriez que j’ai toujours défendu l’idée de frontières externes de l’Europe et d’une politique industrielle commune. Seulement voilà, cela exige de ne pas en rester à vos préjugés.. trop difficile pour vous. Je comprends .. https://t.co/eKXAKDXCju pic.twitter.com/4AYcQvqjbM
— Jacques Attali (@jattali) September 21, 2023
Un parcours intellectuel parsemé de contradictions
Attali n'a pas toujours été un défenseur des frontières, en réalité, il ne l'a jamais été. En 1992, il plaidait pour une démocratie sans frontières dans les colonnes du Monde. En 2015, en pleine crise migratoire, il s'opposait à la renégociation des accords de Schengen. Peut-être a-t-il mesuré les conséquences des causes qu'il a longtemps chéries. Néanmoins, il n’est jamais trop tard pour changer d’avis, ni pour donner des leçons de protection de nos industries « face aux concurrents extérieurs ». En avril 2017, l'homme qui chuchotait à l'oreille des présidents, soutenait son poulain, Emmanuel Macron, sur tous les plateaux télévision lors de la campagne présidentielle. Sur LCI, Jacques Attali avait d'ailleurs qualifié d’« anecdote » le sort des 286 employés de l’usine Whirlpool d’Amiens.
Face à ces accusations d'incohérence, Attali a réagi, affirmant avoir toujours défendu l'idée de frontières externes pour l'Europe. Ah bon ? Dans un texte publié sur son blog en octobre 2019, l'intellectuel avait, sans hésitation ni humour aucun, fait un lien, douteux, entre souverainisme, haine des musulmans et antisémitisme. Ce revirement soudain interroge. Est-ce le fruit d'une réflexion mûrie, ou une réponse aux événements actuels, crise de la Covid-19, conflit russo-ukrainien ? Seul l'avenir nous dira si ce changement de cap est durable ou s'il n'est qu'un épisode de plus dans la carrière de l'intellectuel.
À lire auss : Le RN est un parti « d’extrême droite » selon le Conseil d’État
Un commentaire
Cet individu n’a décidément aucune décence.