JEUDI 23 NOVEMBRE 2022 - Nous sommes en plein milieu de l'hiver. Ce soir, je me rends à l'Académie du Climat dans les majestueux anciens locaux de la mairie du IVe arrondissement de la capitale. Fondé par la ville de Paris, ce repaire héberge pléthore d'associations, collectifs et groupuscules œuvrant pour la préservation de la planète. J'y vais pour assister à une réunion publique de Dernière Rénovation, une « campagne de résistance civile » qui s'est fait connaître en organisant des blocages de routes et des jets de peinture sur des œuvres d'art. Le but ? Exiger du gouvernement qu'il finance la rénovation thermique du parc immobilier français.
Dans une salle blanche à l'étage, devant de grandes fenêtres donnant sur la cour, Thibault récite sa présentation. L'événement s'intitule « Nos responsabilités à ce moment de l'histoire » et il a pour objectif de convaincre le plus de participants possible à s'engager dans Dernière Rénovation. « Je vais commencer cette présentation par un petit trigger warning », annonce Thibault solennellement aux auditeurs serrés sur des bancs alignés. Le militant poursuit en expliquant qu'il « s'apprête à mentionner des luttes LGBT, racisées et féministes » mais qu'il « n'appartient pas à ces communautés ». « Je ne cherche pas à m'approprier ces luttes ! » explique-t-il d'un ton presque penaud à l'assistance impassible. Le public autour de moi est varié, composé d'hommes et de femmes de toutes les générations.
Tout plaquer pour entamer la Dernière Rénovation
Le présentateur poursuit : « Je vais vous expliquer ce qu'est le déni climatique léger ». Selon le militant, ce syndrome est différent du fait d'être climatosceptique : « Il s'agit tout simplement de vivre sa vie, à certains moments, comme si on n’était pas au bord du précipice ». Une faute que le présentateur admet lui-même commettre de temps à autre. Pour guérir de ce mal, Thibault explique qu'il faut lutter et résister, comme lui a choisi de le faire. Avec un ton grandiloquent, il nous ordonne alors à tous de nous « demander dans quelles mesures la lutte contre le réchauffement climatique est plus importante que notre job, que notre carrière et que certaines relations ». L'activiste explique qu'il a lui-même décidé de s'engager à plein temps pour Dernière Rénovation.
Il évoque ensuite la lutte des suffragettes pour obtenir le droit de vote à Londres au début du XXe siècle, puis celle des Freedom riders, militants des droits civiques qui bravaient la ségrégation aux États-Unis au début des années 1960. « Leurs luttes montrent qu'il faut désobéir pour faire avancer les choses », en conclut-il en fixant l'assistance. « Vous savez quel était le point commun de tous les résistants pendant la Seconde Guerre mondiale ? demande alors le présentateur. Ce n'était pas des critères sociologiques ou politiques, c'était la profondeur d'âme », révèle Thibault avant de laisser la parole à deux autres intervenants.
Se donner des frissons
Un bénévole ayant participé à un blocage d'autoroute en août précéde
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