9 janvier, premier contact
Il est 19 heures et ce lundi soir je me rends à la Bourse du travail, à la lisière du Xe arrondissement, pour participer à la réunion de l’« Assemblée féministe Paris-banlieue ». En faisant mes recherches sur les groupes féministes radicaux, je suis tombée sur ce mouvement qui se réunit en excluant les « hommes cisgenres », c’est-à-dire les hommes biologiques.
J’entre dans la grande salle Jean Jaurès, au sous-sol du bâtiment. Le bruit des chaises et des pas résonne tandis que la cinquantaine de participantes à l’AG féministe Paris-banlieue s’installe pour inaugurer la première assemblée plénière de l’année. Le silence est presque pesant lorsque la maîtresse de cérémonie prend la parole au milieu de la salle aux murs orange et décrépits. « Bonsoir et bienvenues à l’AG féministe Paris-banlieue », avance la jeune femme timidement en manipulant le gigantesque écarteur qui traverse son lobe.
Elle rappelle les règles et l’objet un peu flou de cette Assemblée très particulière. « L’AG féministe Paris-banlieue revendique des vies dignes et libres pour tous.tes ». La seule règle concrète qui ressort de cette présentation est l'interdiction d'assister aux réunions pour les « hommes cisgenres ».
« Femmes-trans-pédé-gouines » et leur ami.e.s
« Nous avons de nombreux sujets à l’ordre du jour », annonce Johana, jeune femme brune aux cheveux très courts et aux yeux bleu clair. L’assemblée organise en effet une marche de nuit réservée aux « femmes-trans-pédé-gouines » le 7 mars, la veille de la Journée internationale des droits des femmes. La mobilisation se veut le pendant radical de la marche du 8 mars. En effet, en plus d'être interdite aux « hommes cisgenres non homosexuels », le cortège de tête est réservé aux personnes « racisées » (c’est-à-dire non-blanches). Le but est de réparer la discrimination qui pèse sur les racisés en les mettant en avant le temps de la marche.
« Mais avant de parler de la marche, on doit aborder un sujet urgent », annonce Johana. Une « marche fasciste » s’apprête à avoir lieu le samedi 13 janvier à l’initiative de l’association identitaire « Paris Fiertés » pour rendre hommage à sainte Geneviève, nous apprend la militante.
L’assemblée semble ignorer qui est la patronne de Paris : « C'est sûrement un symbole fasciste », tranche une participante en haussant les épaules. « S’il n'y a pas d'opposition, on se dit qu'on organise un contre-rassemblement anitfasciste ? » demande une militante. L'idée fait consensus dans la salle.
Soudain, un homme blanc (!) d’une cinquantaine d’années qui porte une barbe grise fait irruption dans la salle, l’air désorienté. Des petits sursauts de surprise et d’indignation parcourent l’assemblée, les militantes se regardent, interloquées. Anouk, l'une des participantes se lève et reconduit l’homme à la sortie gentiment en lui expliquant qu'il a dû se tromper de salle. Après qu
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