C’était le rendez-vous à ne manquer sous aucun prétexte : Vladimir Poutine, face caméra, face aux questions du journaliste américain Tucker Carlson. Diffusé dans la nuit du jeudi 8 au vendredi 9 février dernier, soit deux ans après le lancement de l’invasion russe en Ukraine et dix-sept ans après le célèbre discours de 2007 prononcé par Poutine lors de la Conférence de Munich sur la sécurité, c’est au cœur du Kremlin, le mardi 6 février, que l’entretien tant attendue a eu lieu.
Une rencontre au sommet qui a fait grand bruit ; il faut dire que les deux figures conservatrices des deux camps russe et américain ne sont pas acquises à la cause occidentale et aux idées qui règnent de Bruxelles à Washington : Poutine pour avoir brisé les dividendes de la paix en Europe, Carlson, pour être réputé trop conciliant à l’égard de l’ancien président américain Donald Trump.
Retour sur cette entrevue présidentielle au cours de laquelle le président russe fut fidèle à lui-même : intransigeant quant à l’histoire, taquin quant il s’agit d’évoquer ses partenaires et rivaux occidentaux et, surtout, inflexible dès lors qu’il s’agit de défendre ses prétentions expansionnistes.
Ep. 73 The Vladimir Putin Interview pic.twitter.com/67YuZRkfLL
— Tucker Carlson (@TuckerCarlson) February 8, 2024
Une entrevue historique au service de l’irrédentisme russe
Sur le fond, tout d’abord, le président russe impose d’emblée à son interlocuteur une rhétorique nationaliste : celle de la Russie éternelle. L’irrédentisme russe, à nos yeux, paraît irrationnel. Sa venue avait été cependant annoncée, quelques années plus tôt, par l’historien Philippe Fabry dans ce qu’il nomme avec éloquence « l’impérialisme revanchard » de Vladimir Poutine. C’est cette matrice idéologique qui est ainsi consacrée dès les prémices de l’entrevue comme le fondement de la politique étrangère russe. Une politique qui justifie, selon Poutine, l’invasion de l’Ukraine face à un Occident jugé, par essence, « hostile » à Moscou.
Sur la forme, ensuite, l’omnipotence du chef d’Etat russe a dominé l’intégralité de l’entretien. L’équilibre, qui aurait pu s’établir entre le président russe et le journaliste américain s’est rompu dès les prémices de la conversation. Tout du long, l’ancien animateur phare de la chaîne Fox New est resté en apesanteur, donnant ainsi libre cours aux arguments de Vladimir Poutine, sans que ceux-ci ne soient véritablement contestés au regard d’une contradiction trop peu présente. Hillary Clinton, représentante de l’establishment américain, va jusqu’à qualifier Carlson d’« idiot utile », au service de Poutine et de sa propagande anti-occidentale.
L’Ukraine de Vladimir Poutine
C’est un peu, en somme, ce qu’il nous faut retenir de la longue leçon d’histoire récitée d’entrée de jeu par Vladimir Poutine, alors que celui-ci était interrogé sur les raisons de l’intervention militaire russe en Ukraine. Esprits insensibles aux rétrospectives historiques s’abstenir : Poutine avait prévenu, d’emblée,
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2 commentaires
Je savais pas que Livre Noir était Pro Ukraine!!
Je pense que vous devriez lire “Vers un choc global”, de Alexandre Del Valle et Jacques Sopelsa.
Pour nuancer votre analyse sur la responsabilité des USA dans le déclenchement des hostilités en Ukraine.
Voir aussi l’intervention publique d’un ex-analyste de la CIA sur la responsabilité des USA dans le sabotage nord stream 1 et 2